Habitation, mobilité et biodiversité: le G15+ présente un plan pour le Québec
MONTRÉAL — Le collectif G15+ dévoile un plan pour améliorer le bien-être des Québécois. Ce regroupement, qui inclut des groupes aux intérêts divers, présente 45 propositions pour faire face à la crise de l’habitation, améliorer la mobilité et préserver la biodiversité.
Durant la pandémie en 2020, différents groupes de la société civile s’étaient mobilisés pour former le G15+ et proposer des solutions pour un retour à la normale «solidaire, prospère et vert».
«Trois ans plus tard, le moment est venu, maintenant qu’on n’est plus en mode pandémique, de faire une mise à jour de ces propositions-là, face aux nouvelles réalités, face aux nouvelles urgences», a expliqué Christian Savard, directeur général de Vivre en Ville.
Crise de l’habitation
L’une des propositions phares du groupe, qui inclut notamment le Conseil du patronat du Québec, la Fédération de Travailleurs du Québec et les Conseils régionaux de la culture, est de lancer un vaste chantier de construction de 5000 logements sociaux et communautaires par an, pour les 5 prochaines années.
Ils proposent que les coûts de réalisation de ce chantier soient financés à 50 % par le gouvernement québécois.
Le groupe soumet également l’idée d’organiser des États généraux sur l’habitation pour combler le déficit de logements, en particulier à proximité des emplois et des services.
«La pénurie de main-d’œuvre et l’augmentation des coûts ont des impacts considérables sur la quantité de logements qui sortent de terre. Nous méritons tous et toutes de vivre dans des milieux de vie sains, durables et abordables, à proximité des services essentiels, des emplois et des commerces», fait valoir le G15+.
Concernant l’habitation, le collectif demande aussi de renforcer le Code de l’énergie des bâtiments et de fournir un accompagnement adapté aux entreprises de construction afin que le Québec puisse atteindre la carboneutralité des bâtiments neufs, résidentiels et institutionnels, d’ici 2025, et commerciaux d’ici 2030.
Mobilité et transport collectif
Le G15+ demande au gouvernement de doubler l’offre de transport collectif, sur une décennie, et ce, dans l’ensemble de la province et ainsi réduire l’écart d’investissement avec l’Ontario.
Il faudrait également, selon eux, se fixer des cibles ambitieuses pour les modes de transport durable comme le vélo, le covoiturage et l’autopartage.
« Le nombre de véhicules en circulation sur les routes a augmenté de 44 % depuis 1999 au Québec », souligne le G15+ dans son plan.
Le gouvernement devrait offrir des incitatifs aux covoitureurs, comme des espaces de stationnements réservés, selon les propositions du groupe qui demande également le financement de la construction d’une ligne ferroviaire à grande vitesse entre Québec, Montréal et Toronto.
Le groupe préconise la mise en place de programmes de type «bonus-malus», où les remises pour l’achat de véhicules zéro émission sont financées par des redevances basées sur les émissions de gaz à effet de serre des véhicules à essence «en prenant en compte la fonction de transport, les infrastructures de recharge disponibles et l’offre de transport collectif».
Il faut également éviter d’ajouter ou de rénover à l’identique, des infrastructures de transport qui ne répondent pas aux impératifs de mobilité durable selon le collectif.
Par exemple, éviter de rénover un viaduc dédié uniquement à l’automobile sans prévoir l’ajout de pistes cyclables ou encore éviter d’ajouter des voies d’autoroutes qui ne répondent pas aux enjeux de sécurité routière ou de désenclavement des communautés.
Concernant le transport de marchandises, le regroupement propose d’investir avec les municipalités «pour généraliser les infrastructures et les pratiques de mutualisation du transport de marchandises, telles que les centres de distribution, l’optimisation de la charge des camions, le passage du « just-in-time » au « just-in-case » et le développement d’infrastructures pour les vélos-cargos».
Protection de la biodiversité
Afin de maintenir l’équilibre entre la consommation des ressources et la capacité des écosystèmes à se régénérer, «il faut miser sur une économie qui est un peu plus circulaire plutôt qu’une économie qui est basée sur le prêt à jeter» a souligné Christian Savard.
Le groupe propose l’adoption d’ une «stratégie québécoise d’économie circulaire avec un cadre juridique et financier».
Parmi les mesures d’écofiscalité suggérées, le G15+ préconise la réduction des taxes de vente applicables aux services de réparation, de don et de revente.
Dans le même ordre d’idée, il propose de renforcer le soutien financier aux entreprises qui favorisent « l’écoconception, la vente de produits durables, robustes et réparables».
Le collectif souligne que «96,5 % des matières consommées dans notre économie ne sont pas réutilisées» et qu’il faut amener les citoyens à adopter «une utilisation des ressources soutenables pour les générations actuelles et futures. »
Le développement d’un outil de calcul de l’empreinte carbone et matérielle par habitant au Québec, l’étiquetage des aliments, afin de connaitre leur empreinte environnementale et leur valeur nutritionnelle, et la réduction du deux tiers de la vente des pesticides d’ici 2030, font également partie des recommandations.
Le G15+ propose aussi qu’une partie du budget annuel du Plan québécois des infrastructures (PQI) soit consacré à la création et la restauration de milieux naturels.
Mardi soir, le G15+ a présenté son plan à différents élus lors d’une réunion à l’Assemblée nationale.