La ministre Ng souhaite envoyer un message en protestant contre la Russie à l’APEC

OTTAWA — La ministre canadienne du Commerce international a averti que le boycott qu’elle a organisé lors du discours d’un représentant de la Russie dans le cadre d’une réunion des ministres du Commerce à Bangkok, ce week-end, n’est «pas un cas isolé».

Mary Ng sera prête à poser le même geste si des responsables russes s’adressent à des délégations similaires à l’avenir. Elle a ajouté que l’invasion de l’Ukraine fait en sorte que les circonstances sur la scène internationale ne soient «pas habituelles».

Mme Ng, avec ses homologues des États-Unis, d’Australie, du Japon et de Nouvelle-Zélande, a quitté samedi la réunion de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) pour envoyer le message à la Russie qu’elle dénonçait son mépris de l’ordre mondial fondé sur des règles.

Elle a ajouté qu’elle et d’autres ministres du Commerce avaient mis en scène ce débrayage en prévision de la prise de parole du ministre russe du Développement économique Maxim Reshetnikov.

«En tant que pays aux vues similaires, nous nous sommes tous coordonnés pour le faire ensemble», a précisé Mme Ng à La Presse Canadienne depuis la Thaïlande. «Le Canada a été très clair dans sa position sur la guerre illégale contre l’Ukraine par la Russie. La raison pour laquelle j’ai fait cela était d’envoyer un message important à mes collègues et certainement à la Russie.»

Mme Ng a indiqué qu’elle espérait encourager ses collègues lors de la réunion à «défendre le système commercial fondé sur des règles», que la Russie a bafouées.

Son débrayage fait suite à une action similaire le mois dernier par la vice-première ministre Chrystia Freeland lors de la réunion du G20 à Washington.

Mme Ng a souligné que les membres de l’APEC, un forum économique régional de 21 membres, incluant la Chine, Hong Kong, la Malaisie, le Mexique, l’Indonésie et la Corée du Sud, devraient «se serrer les coudes pour rejeter le mépris flagrant de la Russie pour les règles et son comportement éhonté envers l’Ukraine».

La Chine n’a pas publiquement condamné le président russe Vladimir Poutine pour son invasion de l’Ukraine.

Mme Ng, qui a également mené une série de pourparlers bilatéraux en Thaïlande, a rapporté que les ministres du Commerce de l’APEC avaient discuté de l’impact de l’invasion russe «dans toutes nos arrière-cours», notamment par la hausse des coûts de l’énergie et les pénuries alimentaires.

«Nous ne pouvons pas ignorer le fait que l’invasion de l’Ukraine par la Russie a causé un réel effet matériel sur toutes nos économies», a-t-elle souligné.

Elle a dit que son «cœur va au Bangladesh», qui a subi des inondations dévastatrices et dépend fortement du blé ukrainien comme aliment de base.

L’Ukraine a déclaré qu’elle ne pouvait pas exporter son blé en raison des blocus russes dans ses ports.

La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a promis d’envoyer des cargos canadiens dans les ports de Roumanie et d’autres pays européens limitrophes de l’Ukraine pour aider ce pays déchiré par la guerre à exporter son grain.