Le ministère de l’Immigration s’apprête à supprimer 3300 emplois
OTTAWA — Le ministère fédéral de l’Immigration s’apprête à supprimer 3300 emplois au cours des trois prochaines années.
L’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC) et le Syndicat de l’Emploi et de l’Immigration du Canada (SEIC) ont indiqué dans une déclaration commune publiée lundi qu’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) n’a pas précisé qui sera touché par les suppressions d’emplois.
Les syndicats disent que de plus amples informations sont attendues à la mi-février, mais que les suppressions d’emplois ont été évoquées lors d’une réunion patronale-syndicale avant que le personnel n’en soit informé. Les deux syndicats exhortent le gouvernement à réduire la sous-traitance externe au lieu de couper dans les effectifs.
Dans une note interne obtenue par La Presse Canadienne, le sous-ministre de l’IRCC, le Dr Harpreet S. Kochhar, et le sous-ministre associé Scott Harris ont déclaré aux employés que certains postes permanents «seront supprimés», ainsi que «de nombreux» postes à durée déterminée.
«Bien que les fonctions touchées aient été identifiées, les personnes ne l’ont pas été, précise la note. Notre plan est d’informer d’abord les personnes concernées avant de commencer à élargir le tableau de l’impact de cette situation sur les équipes, les secteurs et le ministère.»
Le mémo indique qu’environ 3300 emplois seront supprimés au cours des trois prochaines années, dont 20 % des réductions toucheront des employés permanents. Des lettres seront envoyées aux employés concernés à partir de la mi-février.
Il y aura également des «réductions importantes» dans la main-d’œuvre temporaire du département, fait savoir le document, ajoutant que certains contrats à durée déterminée ne seront pas renouvelés ou prendront fin plus tôt que prévu. Les employés à durée déterminée concernés recevront un préavis d’au moins 30 jours, probablement également à la mi-février.
«Nous construisons une organisation adaptée à ses objectifs, à ses capacités et à son budget», indique le mémo, disant que les changements apportés au financement ont ajouté de la pression «dans une situation budgétaire déjà limitée».
Jessica Kingsbury, porte-parole de l’IRCC, a déclaré dans un courriel lundi que les décisions budgétaires se concentreront sur «le maintien de la sécurité aux frontières et l’application des lois sur l’immigration, tout en évaluant la meilleure façon de fournir nos programmes et services».
«Les objectifs du Canada en matière d’immigration sont une priorité absolue, a affirmé Mme Kingsbury. C’est pourquoi nous continuerons d’identifier les possibilités de rationaliser notre travail et d’investir dans les priorités qui comptent le plus.»
Ottawa cherche à réaliser des économies
Les employés de la fonction publique se préparent à des licenciements depuis que le gouvernement a lancé ses efforts pour réorienter les dépenses fédérales en 2023.
Le gouvernement cherche à trouver 15,8 milliards $ d’économies d’ici 2027-2028 et 4,8 milliards $ par an par la suite.
La note de service affirme que les réductions de dépenses prévues en ce qui concerne le ministère commencent à 237 millions $ en 2025-2026 et devraient atteindre 336 millions $ d’ici 2027-2028.
«Il est clair que notre ministère sera plus petit à l’avenir, dit la note de service. Nous avons travaillé avec un budget en constante augmentation et devons apprendre à vivre avec un budget défini – et réduit – à l’avenir. Cela aura des répercussions sur tous les secteurs et toutes les directions d’IRCC, tant au pays qu’à l’étranger, au siège social et dans les régions, et à tous les niveaux.»
Le ministère a déclaré avoir réduit ses effectifs par attrition et redéploiement d’employés ainsi qu’avoir mis en place des contrôles de dotation pour limiter les embauches externes et évaluer toutes les nominations en fonction du budget et des besoins opérationnels.
«Les dernières années ont été une période de croissance et de changement rapides pour IRCC», a affirmé le porte-parole du ministère, Jeffrey MacDonald, dans un courriel envoyé vendredi. «Nous avons réagi aux crises mondiales, notamment à la pandémie, augmenté les admissions de résidents permanents et temporaires et évolué vers un environnement de travail plus intégré, modernisé et centralisé afin d’accélérer le traitement des demandes à l’échelle mondiale.»
«Ces mesures ont été largement financées par un financement temporaire et n’étaient pas censées être permanentes.»
L’AFPC et le SEIC ont déclaré que le personnel du ministère est essentiel au travail de traitement des demandes de citoyenneté et de résidence permanente, à la délivrance des passeports ainsi qu’à la conduite des entrevues.
«Le mois dernier, les délais de traitement des dossiers d’immigration atteignaient des sommets, et les suppressions annoncées ne feront qu’empirer la situation», a soutenu la présidente nationale du SEIC, Rubina Boucher, dans un communiqué de presse. «Personne ne sera épargné : les familles en attente de réunification, les entreprises subissant la pénurie de main-d’œuvre et le système de santé en manque criant de personnel qualifié.»
En réponse aux réductions prévues, Nathan Prier, président de l’Association canadienne des employés professionnels, a envoyé une lettre au ministre de l’Immigration, Marc Miller, lui demandant de suspendre les réductions ou du moins de les ralentir jusqu’à ce que le Parlement reprenne ses travaux et «qu’une orientation nationale plus claire puisse être définie alors que nous sommes confrontés à une crise imminente dans nos relations avec les États-Unis».
«Une main-d’œuvre fédérale solide et bien équipée est essentielle à la défense du Canada contre les pressions extérieures, en particulier compte tenu de l’hostilité croissante de notre voisin», a déclaré M. Prier.
Selon le site web du gouvernement du Canada, 13 092 fonctionnaires travaillaient à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada en 2024. La taille totale de la fonction publique en 2024 était de 367 772 personnes.