«Nous travaillons avec les provinces pour exiger de meilleurs résultats», dit Trudeau

OTTAWA — Le premier ministre Justin Trudeau a affirmé jeudi que son gouvernement travaille «avec les provinces pour exiger de meilleurs résultats» en matière de santé, ce qui, croit-il, profitera aux Canadiens.

«La réalité, c’est qu’il y a beaucoup de familles qui sont très préoccupées par l’accès pour leurs enfants à des systèmes de soins de qualité», a-t-il d’abord dit durant un point de presse à London, en Ontario, faisant visiblement référence à l’engorgement des ressources en soins pédiatriques qui se manifeste à différents endroits au pays.

M. Trudeau était questionné à savoir s’il était prudent de dépenser des fonds fédéraux en matière de soins dentaires alors que les systèmes de santé sont à court de ressources.

«Nous aussi, nous sommes préoccupés. C’est pour ça que nous avons investi 72 milliards $ de plus au cours des dernières années, avec la pandémie, mais (aussi) pourquoi nous travaillons maintenant avec les provinces pour exiger de meilleurs résultats pour les Canadiens», a poursuivi le premier ministre.

Plus tôt cette semaine, il a formulé des reproches envers les provinces en déplorant le résultat de la récente rencontre entre leurs ministres de la Santé et leur vis-à-vis fédéral, Jean-Yves Duclos, à Vancouver.

«Il y avait un plan pour augmenter les ressources humaines, pour aider les gens à répondre aux besoins urgents, a soutenu  M. Trudeau mardi. Malheureusement, les provinces ont décidé de ne pas s’engager et de discuter de ce plan-là, mais nous restons là pour être partenaire.»

Son ministre des Affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc, a quant à lui accusé certains premiers ministres provinciaux et territoriaux de se dire, en privé, d’accord avec l’idée qu’Ottawa s’attende à des résultats, pendant qu’ils dénoncent, en public, un refus du fédéral d’augmenter les transferts fédéraux en santé.

Questionné mardi à savoir si une majorité de premiers ministres avaient selon lui ce discours distinct en privé, M. LeBlanc a évité de répondre clairement.

«C’est probablement plus que deux et moins de 13, si j’avais à deviner. (…) Ça dépend de la semaine. Des fois, ça peut aller à cinq. Des fois, ça peut descendre à un», a-t-il ironisé.

Il a néanmoins ouvert la porte à une possible entente avec certaines provinces seulement, comme le Nouveau-Brunswick, si cela était jugé nécessaire.

«Si (le premier ministre Blaine) Higgs nous arrive avec une proposition qui fait beaucoup de bon sens, nous n’allons pas donner un droit de veto à d’autres provinces sur la capacité de faire des choses importantes au Nouveau-Brunswick», a-t-il plaidé.

Jeudi, M. Trudeau a énuméré les choses qui, selon son gouvernement, devraient être améliorées dans les systèmes de santé provinciaux et territoriaux: «Plus d’infirmières et de médecins, moins de listes d’attente, mois de délais dans les chirurgies essentielles, plus d’accès à des services de santé mentale.»

«Nous savons à quel point c’est important d’être là et on continue de se battre pour avoir de meilleurs résultats pour les Canadiens à travers le pays», a-t-il conclu.

Les provinces et territoires réclament d’Ottawa, depuis plusieurs années, une hausse récurrente des transferts en santé. Ils souhaitent que la contribution du fédéral augmente de façon à couvrir 35 % des coûts en matière de santé, une compétence provinciale.

Le gouvernement québécois de François Legault martèle depuis le début du front commun que l’argent d’Ottawa doit être versé sans condition.

«Le recrutement de la main-d’œuvre et la gestion des ressources humaines, c’est de compétence provinciale, et nous avons déjà un plan au Québec», a soutenu, dans une déclaration écrite transmise mardi, le bureau du ministre québécois de la Santé, Christian Dubé.

«Lors de son passage à Vancouver, Christian Dubé a présenté à ses homologues des autres provinces le volet ressources humaines du Plan santé du Québec, pour que notre réseau devienne un employeur de choix», a-t-on ajouté.

Le cabinet du ministre a par ailleurs rappelé que Québec s’est dit ouvert à présenter des données à Ottawa. On faisait ainsi allusion à la demande de M. Duclos pour l’utilisation d’indicateurs de santé communs ainsi que la création d’un système de données sur la santé de «classe mondiale» pour le pays.