Plan de la Fonderie Horne: aucun retard ne devrait être toléré, dit la santé publique

MONTRÉAL — La Direction de santé publique de l’Abitibi-Témiscamingue (DSPu) souhaite que la Fonderie Horne réduise ses émissions d’arsenic à 15 nanogrammes par mètre cube (ng/m3) dans un horizon «plus court» que cinq ans et prenne les moyens pour éviter tout retard dans l’atteinte de cet objectif. 

Les autorités locales de santé publique ont publié en date du 15 octobre leur avis sur les émissions de contaminants et le plan d’action de l’entreprise, dans le cadre du renouvellement de son autorisation ministérielle en matière d’environnement. La DSPu note l’absence de plusieurs éléments dans ce plan prévoyant des investissements de plus de 500 millions $ pour atteindre notamment un seuil d’émission d’arsenic de 15 ng/m3 d’ici 2027. 

Selon la compagnie située à Rouyn-Noranda et propriété de la multinationale Glencore, certains facteurs «incontrôlables» peuvent survenir et amener des défis pour arriver à cette cible qui représente cinq fois la norme québécoise. Ces aspects hors de son contrôle sont, entre autres, la chaîne d’approvisionnement, la disponibilité de la main-d’œuvre, l’inflation et le coût des projets. 

Or, pour la DSPu, «il importe de mettre en place des plans de contingence si des éléments venaient bousculer» l’échéancier puisque «des délais par rapport aux cibles dans le plan proposé ne devraient pas être tolérés». 

Elle réitère dans son rapport que les cibles, qui comprennent aussi une réduction de la concentration dans l’air ambiant du cadmium et du plomb, «devraient être atteintes le plus rapidement possible». 

La DSPu recommande au ministère de l’Environnement d’adopter «une autorisation dynamique permettant de resserrer les exigences dans le temps» en fonction de l’avancement des travaux de la Fonderie Horne, «mais également en fonction de l’acquisition de connaissances». 

Les autorités sanitaires rappellent que le 15 ng/m3 d’arsenic doit être «une valeur intérimaire» et non «maintenue indéfiniment dans le temps», fixant la cible annuelle à atteindre de 3 ng/m3. D’après la DSPu, Québec devrait exiger de l’entreprise qu’elle planifie «dès maintenant» les moyens pour aboutir à la norme nationale et que les travaux en ce sens soient communiqués à la population. 

Rappelons qu’à l’heure actuelle, la Fonderie Horne dépasse de 33 fois la norme québécoise.

Dépassements fréquents des cibles quotidiennes

Parmi les éléments jugés manquants dans son plan, la DSPu estime que l’entreprise devrait préciser comment elle arrivera à respecter les limites journalières proposées par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) pour l’arsenic, le plomb et le cadmium. 

Elle constate d’ailleurs que des dépassements fréquents des cibles journalières dans l’air seraient toujours possibles au cours du déploiement du plan d’action. Il ressort, écrit-elle, que les dépassements pourraient osciller annuellement entre 7 et 18 jours pour l’arsenic, 18 et 40 jours pour le cadmium et 106 et 128 jours pour le plomb, jusqu’en 2026. 

Si l’INSPQ croit que les effets sur le développement des jeunes enfants et des enfants à naître se situent «en toute vraisemblance dans une zone de faible risque», la DSPu se montre préoccupée par rapport aux effets neurotoxiques en lien avec les fréquences actuelles de dépassement, observées dans le secteur de la station d’échantillonnage légale. 

La part des sols contaminés sur le risque cancérigène n’est pas non plus à négliger, évoque la Direction de santé publique de l’Abitibi-Témiscamingue. 

Celle-ci suggère des mesures supplémentaires pour la caractérisation et la réhabilitation des terrains du quartier Notre-Dame, notamment de s’assurer d’une vérification périodique et pérenne des sols particulièrement pour les lieux fréquentés par de jeunes enfants. Elle juge que l’analyse des sols devrait aussi s’étendre à l’ensemble du périmètre urbain de Rouyn-Noranda pour connaître l’ampleur de la contamination. 

La santé publique abitibienne dénote aussi que le plan de l’entreprise ne contient pas de modélisation concernant les émissions de dioxyde de soufre (SO2). Ce contaminant est un irritant pulmonaire. Il demeure quantitativement le polluant émis en plus grande quantité par la fonderie, avec 88 % des rejets totaux, mentionne le document. 

La DSPu recommande au ministère de l’Environnement d’ajouter minimalement un détecteur de mesure en continu et disponible en temps réel de SO2 à la station légale. La compagnie estime pouvoir réduire de 45 % ses émissions de SO2 grâce à son projet PHENIX. 

La consultation publique sur le renouvellement de l’autorisation ministérielle pour la Fonderie Horne se poursuit jusqu’à jeudi. 

Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse Canadienne pour les nouvelles.