Québec entend acheter trois traversiers électriques pour Sorel et l’Isle-aux-Coudres

Trois nouveaux traversiers électriques, un pour desservir l’Isle-aux-Coudres et deux pour la traverse Sorel-Saint-Ignace-de-Loyola, seront mis en service à compter de 2030 si tout se déroule comme prévu.

La ministre des Transports, Geneviève Guilbault, en a fait l’annonce lundi à Québec.

Une estimation optimiste

Pour l’instant, Québec a prévu 191,5 millions $pour trois navires, une estimation qui semble à première vue plutôt optimiste, mais Mme Guilbault a reconnu que cette enveloppepourrait devoir être majorée en cours de route. «On va avoir une meilleure idée du coût final une fois qu’on aura reçu notamment les soumissions parce qu’avant d’avoir reçu les soumissions, on ne peut pas savoir le prix final.»

«S’il faut faire des ajustements, on le fera», a-t-elle dit, soulignant que l’annonce de lundi était «une étape très préliminaire. Comme dans plusieurs grands projets d’infrastructures (…) on ne budgète pas nécessairement l’entièreté des montants au tout début du processus.»

Bien que le gouvernement Legault aimerait voir le chantier maritime Davie, de Lévis, décrocher le contrat, le constructeur reste quand même à déterminer en fonction des soumissions qui seront reçues par la Société des traversiers du Québec (STQ) et des contraintes liées à un marché ouvert.

«La STQ est soumise à certains accords nationaux, internationaux qui font qu’on ne peut pas, par exemple, cibler un appel d’offres uniquement pour un constructeur québécois ou canadien. On va voir, avec les règles qui seront fixées dans l’appel d’offres, quels seront les soumissionnaires qui vont se qualifier.»

Mme Guilbault dit espérer une signature de contrat pour la construction des navires dès 2026.

Un passé lourd

La présidente-directrice générale par intérim de la STQ, Greta Bédard, s’est montrée confiante d’obtenir des navires fiables adaptés au climat québécois, faisant valoir que la Norvège a déjà une soixantaine de traversiers électriques en service dans un climat similaire et qu’il y en a aussi une demi-douzaine en Colombie-Britannique et deux autres en Ontario. 

Cependant, l’ombre de récents dépassements de coûts et de délais pour l’achat de traversiers à la traverse Baie-Sainte-Catherine-Tadoussac ainsi que la désastreuse aventure de l’achat du très coûteux traversier F.-A.-Gauthier, aux prises avec des bris et des interruptions de service à répétition, planait au-dessus de l’annonce.

Mme Bédard n’a pas cherché à esquiver la question lors de son discours d’ouverture. «Nous sommes tous très conscients de l’importance et de l’ampleur du projet. Considérant les expériences passées, la STQ a déjà entrepris une multitude d’actions dans le but d’améliorer ses pratiques en matière de gouvernance et de gestion de projets. Les dernières années n’auront pas été de tout repos et nous en sommes conscients.»

L’avantage électrique

Selon la ministre Guilbault, la mise en service de ces traversiers permettra une réduction de 4450 tonnes de gaz à effet de serre par année, soit un total 13 350 tonnes pour les trois navires, ce qui équivaut au retrait de 3000 voitures de la circulation. Mme Bédard a précisé, de son côté, que la STQ s’attend à économiser annuellement entre 2 et 3 millions $ en coûts de diesel avec le passage à la propulsion électrique.

La PDG de la STQ a aussi expliqué que «vous ne verrez pas la différence, comme client. C’est le système de recharge et de combustible qui va être différent.» Aussi, elle n’exclut pas que la taille des nouveaux navires diffère de celle de leurs prédécesseurs.

«La capacité va être adaptée. On va regarder les courbes démographiques. On va adapter la capacité en fonction des besoins pour les 50-60 prochaines années. Il n’est pas exclu qu’ils soient plus gros.»

Il est déjà acquis qu’il faudra des travaux d’adaptation des quais d’embarquement et des équipements pour la recharge qui se fera lors des arrêts au quai. Une décision reste à être prise quant à l’emplacement du quai sur la rive nord du fleuve: présentement, la liaison avec l’Isle-aux-Coudres se fait à partir de Saint-Joseph-de-la-Rive, mais une étude d’opportunité est en cours quant à un possible déménagement du quai à Baie-Saint-Paul, étude dont les résultats sont attendus à l’automne.

Québec solidaire dénonce le délai

Réagissant à cette annonce, le porte-parole de Québec solidaire en matière de transports, Etienne Grandmont, soutient que la ministre Guilbault «navigue à courte vue, sans carte ni boussole» et l’invite à favoriser les filières québécoises dans son appel d’offres.

Il rappelle que, depuis 2021, la traverse Québec-Lévis perd régulièrement un de ses deux navires qui doit être prêté à l’Isle-aux-Coudres pour y assurer le service et déplore que l’on doive attendre aussi longtemps pour assurer la fiabilité du service, tant à Lévis qu’à l’Isle-aux-Coudres.