St-Pierre Plamondon propose de débattre avec Poilievre de sa vision pour le Québec

MONTRÉAL — Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, croit qu’il est temps pour le chef conservateur fédéral Pierre Poilievre et lui de mettre les points sur les i et les barres sur les t. Il invite M. Poilievre à le rencontrer en personne pour débattre de la place qu’occuperaient les priorités du Québec dans un éventuel gouvernement conservateur à Ottawa.

Les deux politiciens se sont échangé de longs messages sur les réseaux sociaux, mercredi, dans la foulée d’une sortie faite la semaine dernière par M. St-Pierre Plamondon à l’Assemblée nationale.

Le chef péquiste avait notamment avancé que les intérêts du Québec ne seraient pas mieux servis sous un gouvernement Poilievre que sous le gouvernement actuel de Justin Trudeau, estimant que le problème est le régime canadien en soi.

M. Poilievre s’est alors tourné vers le réseau social X, mercredi matin, pour soumettre l’idée que le problème n’est pas le régime canadien, mais bien le régime «woke et libéral» au pouvoir actuellement.

«Sous Stephen Harper, le Québec était respecté, l’immigration était sous contrôle et le gouvernement fédéral se mêlait de ses affaires. Mon gouvernement adoptera un fédéralisme responsable en suivant ces principes. Les Québécois seront gagnants», a-t-il soutenu.

Mais M. St-Pierre Plamondon, dans son propre message sur X en après-midi, a maintenu son point de vue.

«La vérité, c’est que le (Parti conservateur) de Poilievre ne sera en rien différent de tous les gouvernements fédéraux depuis 1867, qui nous imposent des décisions qui sont contraires à nos intérêts», a-t-il plaidé.

Afin de tester le sérieux du chef conservateur fédéral, M. St-Pierre Plamondon l’a invité à se prononcer publiquement, en français comme en anglais, sur une série d’enjeux chers au Québec, comme le pouvoir de dépenser fédéral dans les champs de compétence du Québec, la contestation de la loi 21 sur la laïcité de l’État, les pouvoirs en immigration et les transferts en santé, entre autres.

«Je vous offre également d’en débattre, en personne, de manière à aller au fond des choses sur ces questions fondamentales», a écrit M. St-Pierre Plamondon à l’attention de celui qui espère prendre le pouvoir aux prochaines élections fédérales.

Selon l’équipe du chef péquiste, MM. St-Pierre Plamondon et Poilievre ne se sont jamais rencontrés.

Pas une région plus qu’une autre

Lors de sa sortie de la semaine dernière, Paul St-Pierre Plamondon a fait valoir que M. Poilievre «fait de la politique en fonction de sa base, qui est dans l’Ouest canadien, et du vote en Ontario, qu’il doit gagner s’il veut devenir premier ministre».

«Il n’a pas besoin du Québec pour gagner et donc il ne considérera pas nos intérêts et nos préoccupations. Ça va paraître dans sa campagne, mais ça va surtout paraître une fois qu’il sera au pouvoir», a martelé le chef péquiste.

Dans son message, M. Poilievre a promis que ce ne sera pas le cas.

«Je ne suis pas là pour défendre les intérêts d’une région au profit d’une autre. Je suis là pour restaurer la promesse du Canada pour que tous ceux qui travaillent fort puissent gagner un bon salaire, s’acheter une maison abordable et fonder une famille dans un quartier sécuritaire.»

M. Poilievre a plutôt accusé le chef péquiste d’avoir «peur qu’un gouvernement conservateur respecte l’autonomie du Québec, parce que ça nuirait à (ses) arguments en faveur de la souveraineté».

La semaine dernière, M. St-Pierre Plamondon a dit que M. Poilievre méprise le mouvement indépendantiste québécois. «Clairement, il n’a aucune considération pour ce mouvement-là, aucune compréhension du pourquoi ce mouvement-là existe depuis des décennies.»

Immigration, pipeline et tramway

M. Poilievre a aussi répondu aux critiques de M. St-Pierre Plamondon sur différents enjeux.

Au sujet du chemin Roxham, le chef péquiste a mentionné que M. Poilievre a commencé à s’en intéresser seulement une fois que le sujet a attiré l’attention ailleurs au Canada. Le chef conservateur rappelle quant à lui qu’il a mis de la pression sur le gouvernement Trudeau pour que cette voie d’accès soit fermée dès sa course à la chefferie.

M. St-Pierre Plamondon a prévenu qu’un éventuel gouvernement conservateur à Ottawa «va continuer le financement de projets absolument horribles, comme le pipeline dans l’Ouest». Encore une fois, M. Poilievre propose une vision différente.

«Depuis mai 2018, je m’oppose aux subventions fédérales pour le pipeline Trans Mountain, et ma position n’a jamais changé. Ces projets doivent être financés par des entreprises privées, pas avec l’argent des Canadiens.»

Sur ces deux sujets, M. St-Pierre Plamondon s’est montré insatisfait des réponses de M. Poilievre, mercredi après-midi.

«L’urgence est uniquement apparue au moment où l’Ontario s’est mise à avoir un problème», a insisté le chef péquiste au sujet des appels de M. Poilievre à fermer le chemin Roxham.

À propos du tramway de Québec, que M. Poilievre s’engage à ne pas financer, M. St-Pierre Plamondon soumet que cela crée de l’instabilité dans la capitale provinciale. En réplique, le chef conservateur réitère qu’il préfère miser sur le troisième lien Québec-Lévis.

Le Parlement fédéral est prorogé jusqu’au 24 mars. Le premier ministre Justin Trudeau a promis de démissionner une fois que la personne qui lui succédera à la tête du Parti libéral aura été choisie, ce qui doit se faire le 9 mars.

Puisque les trois principaux partis d’opposition ont promis de renverser le gouvernement libéral à la première occasion, des élections fédérales pourraient avoir lieu dès le printemps. Les conservateurs sont en avance dans les sondages à l’échelle nationale.