Un conseil scolaire catholique de l’Ontario refuse de hisser le drapeau de la Fierté

La Commission scolaire catholique de York, en Ontario, a voté contre l’installation d’un drapeau de la Fierté LGBTQ+ devant son bureau le mois prochain, à l’occasion du mois de la Fierté, sous prétexte que l’arc-en-ciel n’est pas compatible avec la foi catholique.

Le président de la commission scolaire, Frank Alexander, a argué que son organisation compte plutôt se concentrer sur des «changements systémiques» afin de mieux soutenir les élèves qui font partie de communautés marginalisées — sans toutefois révéler quels seront ces changements

«Une partie de mon rôle, et une partie du rôle du conseil d’administration, est de s’assurer que le Christ reste au centre de qui nous sommes (et) que l’éducation catholique reste forte», a soutenu M. Alexander lors d’une conférence de presse.

«L’archevêque de Londres a récemment rappelé que nous aimons cette communauté (les personnes LGBTQ+) et que nous les reconnaissons comme des enfants de Dieu. Cependant, il y a des parties de ce système de croyances qui ne correspondent vraiment pas à notre foi.»

Le comité du genre, de la sexualité et de l’éducation catholique de la commission scolaire a présenté une motion pour demander que le drapeau de la Fierté flotte devant son centre d’éducation catholique situé à Aurora, en Ontario, en juin pour marquer le mois de la Fierté.

Le conseil d’administration a cependant rejeté cette requête, lors d’un vote à six contre quatre lundi soir, lors d’une réunion à laquelle ont participé plusieurs militants.

La commission scolaire n’a pas encore décidé de quelle façon elle compte souligner le mois de la Fierté, a fait savoir M. Alexander.

Des échos jusqu’à Toronto

Cette décision du conseil d’administration de la commission scolaire catholique a suscité des discussions à l’Assemblée législative de l’Ontario, mardi.

Le ministre de l’Éducation de la province, Stephen Lecce, a notamment rappelé que le drapeau de la Fierté est un symbole qui se veut rassembleur.

«Il porte un message d’ouverture et d’inclusivité pour tous les enfants», a-t-il mentionné.

«Nous savons que les enfants (LGBTQ+) sont confrontés à des impacts et à des défis très importants dans les écoles. C’est pourquoi notre gouvernement, le premier ministre (Doug Ford) et l’ensemble des élus de notre parti vont continuer à soutenir et s’afficher publiquement en faveur de la Fierté, en célébrant activement avec la communauté LGBTQ+.»

Les trois partis d’opposition à Toronto ont demandé au ministre Lecce d’ordonner à la commission scolaire en question, ainsi qu’à toutes les autres qui sont financées par l’État, de faire flotter des drapeaux de la Fierté.

«Le ministre a certainement des outils pour faire plus que simplement offrir des platitudes vides, qui ne servent en rien à aider les enfants», a soutenu la porte-parole du NPD pour les questions 2SLGBTQ+, Kristyn Wong-Tam.

Une idée qui divise

Michaela Barbieri, qui est membre du conseil d’administration de la Commission scolaire catholique de York, a voté contre la motion demandant l’installation de drapeau de la Fierté en juin.

Selon elle, le drapeau lui-même n’aurait pas aidé concrètement les jeunes de la communauté LGBTQ+ à affronter les défis auxquels ils sont confrontés au quotidien dans les écoles catholiques.

«Le simple fait d’avoir eu une discussion sur la présence du drapeau a créé une division au sein de notre communauté», a-t-elle noté.

«Je ne peux pas approuver ou voter en faveur de quelque chose qui (prétend) aider à éliminer la division et à mettre en valeur l’inclusivité, alors qu’il a clairement fait le contraire dans les derniers mois.»

Les membres du conseil d’administration qui ont soutenu la motion ont fait valoir que la présence du drapeau de la Fierté aurait favorisé un environnement scolaire sûr et accueillant pour tous. Selon eux, la direction doit trouver un équilibre entre être «à la fois pieux et pragmatique».

«En tant que commission scolaire catholique, nous devons toujours mettre la chasteté à l’avant de tous nos enseignements», a reconnu Elizabeth Crowe, qui est aussi membre du conseil d’administration.

«On s’attend à ce que nos enseignants le fassent et qu’ils suivent notre programme religieux catholique approuvé par les évêques. Mais cela ne signifie pas que nous abrogeons notre responsabilité de sécurité envers nos élèves.»

Environ 50 000 élèves sont inscrits dans les 85 écoles primaires et les 16 écoles secondaires de la Commission scolaire catholique de York. Les écoles sont situées dans neuf municipalités ontariennes, dont Aurora, Markham, Newmarket, Richmond Hill et Vaughan.

— Avec des informations d’Allison Jones