Des députés muselés

Il semble de toute évidence que plusieurs députés devront suivre la ligne de leur parti lorsque viendra le temps de voter sur le projet de loi 64 visant la création d’un registre québécois des armes d’épaule.

Le chef du parti libéral, Philippe Couillard, a déjà montré ses couleurs en signalant qu’il n’autorisera pas le vote libre sur ce sujet en prenant soin d’ajouter que «le vote libre, c’est réservé à des questions exceptionnelles». Tiens donc, il affirme à mots à peine couverts que ses députés devront se conformer à la ligne du parti. Et tant qu’à y être, pourquoi élirait-on des députés s’ils doivent la plupart du temps se conformer au bon vouloir de leur chef. Ça sent drôlement la dictature !

Du côté de la CAQ, le chef François Legault a annoncé qu’il autorisera le vote libre alors que le chef du PQ, Pierre-Karl Péladeau, n’a pas encore montré ses couleurs.

Il y a des députés, dont celui de Beauce-Sud Paul Busque, qui doivent commencer à sentir la soupe chaude. En fait, des députés de plusieurs régions du Québec, pour la plupart des régions agricoles ou propices à la pratique de la chasse, devront voter contre la volonté de plusieurs de leurs électeurs qui n’en veulent tout simplement pas du registre des armes d’épaule. Les représentants du bon peuple auront donc bien de la difficulté à défendre, devant leurs sujets, un choix qui leur aura été imposé. Leur position pourrait leur coûter bien des votes, ce qui est aussi un pensez-y bien.

Le projet de loi sur la création d’un registre sur les armes d’épaule est un sujet très contesté qui, comme plusieurs autres, oppose encore les deux solitudes du Québec, les grands centres par rapport aux régions. Mais si tous les chefs de parti n’avaient pas autorisé le vote libre, l’Assemblée nationale aurait alors pu être unanime sur un sujet qui ne l’est pas du tout.

Il n’y a pas si longtemps, l’Assemblée nationale avait dû se prononcer sur le délicat projet de loi sur les soins de fin de vie. Chaque député a ainsi eu l’occasion de voter selon sa conscience mais aussi celle de ses électeurs. Alors pourquoi, en serait-il différent pour tout autre projet de loi ?