Mourir dignement : lettre à mon père J-Ernest

À ton chevet, le 16 octobre 1984, il y a 35 ans, dans un lit de l’hôpital Hôtel-Dieu Notre Dame de Beauce (St-Georges de Beauce), deux jours avant ton décès, je t’ai promis ceci : «Papa J-Ernest, au Québec, le mourir, ça va changer».

Promesse tenue, que je tiens et que je tiendrai. Tu as eu raison de croire en moi. De croire en mon audace. De croire en ma ténacité. De croire en ma capacité d’œuvrer avec d’autres collaborateurs que la vie m’amènerait en abondance, en temps opportun, béni par le Sainte Chronicité. De croire que Debout et avec d’autres, on peut aller beaucoup mieux et plus loin dans une Cause aussi humaine et aussi noble que celle d’une fin de vie moins douloureuse et souffrante, plus éclairée, plus libre, plus respectueuse de la personne en fin de vie, à la fin de SA vie.

Cette énergie vitale pour un telle Cause me vient beaucoup de toi et, bien sûr, des prières de maman! Cette énergie audacieuse et cette ténacité inépuisable me viennent des gènes beaucerons! C’est debout que l’on marche droit et juste. C’est debout que se joignent à nous les autres croyants en la Cause noble et haute en dignité. C’est debout, de plus en plus au Québec et même au Canada, que la personne en fin de vie ou rendue à la fin de sa vie pourra se tenir, respectée jusqu’à sa fin de vie. Entourée des professionnels compétents et œuvrant ensemble. Protégée par ces professionnels de la santé et des services sociaux, et leurs Ordres professionnels. Soutenue dans sa personnalité, dans sa dignité, dans ses valeurs, dans ses croyances et surtout dans sa liberté de choix. Écoutée et entendue.

Papa, souligner ces 35 ans de vie engagée et intense pour cette Cause du Mourir libre et digne, c’est un hymne à la gratitude. C’est faire hymne de gratitude en abondance à toutes les personnes généreuses et courageuses qui ont investi cœur, temps et énergie pour l’arrivée, le maintien et le développement de cette Cause du mourir plus digne, plus libre, plus humain. Et aussi pour faire hymne de gratitude et d’admiration à tous ceux et à toutes celles qui s’y engagent présentement et qui s’y engageront prochainement. Il y a encore beaucoup à faire. Et nous le ferons ensemble. Nous avançons et avancerons, à travers les résistances.

Papa, comme tu le vois, énormément beaucoup a été fait. Tu le sais, il y a encore beaucoup à faire. Heureusement, tu peux continuer à vivre en paix dans mon cœur et dans mes pensées. Les astres sont enfin très bien enlignés. La bonne volonté règne en abondance.

Le 18 octobre, habite-moi, habite tes proches, dans l’univers infini et mystérieux de la Vie.  35 chaleureuses salutations!

Ton fils, VIEux heureux Yvon

Yvon Bureau, travailleur social, consultant bénévole pour un mourir digne et libre, coprésident du Collectif Mourir digne et libre