Un taux de suicide élevé en Chaudière-Appalaches

SOCIÉTÉ. Selon le portrait 2023 des comportements suicidaires au Québec réalisé par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), un total de 1055 personnes se sont enlevé la vie au Québec en 2020. On parle d’un chiffre semblable en 2021, avec 1008 suicides, sans que l’entièreté des cas aient été comptabilisés pour l’année. Ces deux statistiques représentent une diminution par rapport à l’année 2019, avec 1128 cas de suicides recensés cette année-là.

Cette même étude mentionne que la région de Chaudière-Appalaches aurait un taux de suicide significativement supérieur à celui pour l’ensemble de la province. En effet, le taux de suicide en Chaudière-Appalaches est de 16,3 pour 100 000 personnes, alors qu’il est seulement de 12,9 pour l’ensemble du Québec.

Ce taux élevé pourrait s’expliquer par le fait que Chaudière-Appalaches est un milieu largement rural, selon Pascale Lévesque, conseillère scientifique en épidémiologie et autrice principale du portrait des comportements suicidaires 2023. 

Quelques facteurs expliquent la plus grande vulnérabilité des communautés rurales au suicide. Notamment, le fait que cette partie de la population est plus susceptible à vivre de l’isolement ou de la violence conjugale et que ces facteurs de risques pourraient être exacerbés par la pandémie de Covid-19, d’après une synthèse des connaissances sur l’impact d’une crise sanitaire et économique sur les comportements suicidaires faite par l’INSPQ. 

« Dans les communautés rurales, les armes à feu sont souvent utilisées comme moyen pour s’enlever la vie. Durant le confinement, les personnes qui ont des idées suicidaires pourraient avoir plus d’occasions de passer à l’acte si elles restent à la maison avec un accès facile à une arme à feu », rapporte cette même synthèse.

L’étude de l’INSPQ révèle aussi que le taux de suicide chez les hommes est trois fois plus élevé que chez les femmes. François Provost, coordonnateur au centre d’écoute et de prévention du suicide Beauce-Etchemins, l’explique ainsi : « Il y a un lien entre le taux de suicide des hommes et leur appartenance à une identité qui est traditionnelle au niveau du rôle masculin. Un homme, vu de façon stéréotypée, n’a pas le droit de montrer d’émotion, de faiblesse. Aller chercher de l’aide est une marque de faiblesse ». Selon M. Provost, ce stéréotype est encore plus ancré dans les milieux ruraux. 

Il existe plusieurs organismes avec pour but de venir en aide aux personnes vulnérables au suicide, dont le CEPS, qui offre notamment une ligne d’écoute active gratuite et confidentielle au (418) 228-0001. Le 1 866 APPELLE dispose également d’intervenants professionnels et qualifiés au niveau de la problématique suicidaire, disponibles en tout temps.