Chevaux et cavaliers : les grands oubliés de la pandémie
L’équitation et les sports équestres n’ont pas été épargnés par les conséquences de la pandémie. Selon Sonia Cliche, propriétaire de la Ferme Cliche et Lessard à Saint-Victor, ces industries sont tombées dans une « craque gouvernementale » ayant causé du stress chez les chevaux, leurs propriétaires et les entrepreneurs équins.
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« Je me suis retrouvée prise entre les règles de la Santé publique, du ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport et du ministère de l’Agriculture. Cheval Québec (organisme fédéré régissant l’activité équestre) a défendu nos droits auprès du gouvernement. On a eu gain de cause tout en respectant les mesures sanitaires », mentionne Mme Cliche.
La Ferme Cliche et Lessard offre notamment un service de pension aux propriétaires de chevaux. Durant la première vague de la COVID-19 (mars à juin 2020), ces derniers n’avaient pas accès à l’écurie.
« Chaque matin, je faisais une inspection des chevaux. J’envoyais une vidéo du cheval par Messenger à chaque propriétaire avec des explications. Moi et mes trois filles, nous avons entretenu et entraîné les chevaux chaque jour. Elles m’ont donné un énorme coup de main, alors que leurs écoles étaient fermées », indique Sonia Cliche.
En plus des pensionnaires, la ferme possède 16 chevaux réservés aux cours privés et parascolaires, ainsi qu’aux entraînements, compétitions et à la concentration sport de l’école secondaire Veilleux (Saint-Joseph).
« De juin à octobre 2020, j’ai repris les cours et camps de jour. On était à 50 % de notre capacité habituelle. Il y a eu aussi quelques compétitions provinciales », dit Sonia Cliche.
Tout cela est disparu avec la deuxième vague de la COVID-19, sauf la concentration sport. « J’ai quand même perdu des élèves de la troisième à la cinquième secondaire. Avec l’école à distance ou un jour sur deux en classe, ils ne pouvaient plus suivre la cadence », affirme Mme Cliche.
Service essentiel
La Santé publique a reconnu les fermes comme des services essentiels. La Ferme Cliche et Lessard, même si elle ne produit pas des éléments destinés à l’alimentation, est incluse dans le lot.
« Le cheval, ce n’est pas un objet. Il faut continuer de s’en occuper. Les vétérinaires devaient faire des suivis entre autres pour les vaccins et les dents. Au début, ils répondaient seulement aux urgences. Le maréchal-ferrant doit venir couper les sabots aux quatre à six semaines. Les entraînements sont importants pour que le cheval ne perde pas sa force et sa masse musculaire », explique Mme Cliche.
L’hiver dernier, la ferme comptait seulement sur la concentration sport et les chevaux pensionnaires pour s’assurer un revenu. « J’ai dépensé presque toutes mes épargnes pour faire survivre mon entreprise », dit Sonia Cliche. En raison des restrictions, dont le couvre-feu, il était trop complexe de donner les autres cours et camps.
Zoothérapie équine
Avec la venue du printemps et de l’été, la Ferme Cliche et Lessard a repris graduellement ses activités. Les mesures sanitaires sont toujours en place, comme le port du masque dans les écuries et le manège intérieur. Les demandes pour suivre des cours sont plus nombreuses qu’en 2020.
« Notre liste d’attente est huit fois plus longue qu’à l’habitude, chez les adultes comme les enfants. Les gens cherchent des activités à faire et surtout à côtoyer des chevaux. Pour eux, c’est une forme de zoothérapie », précise Sonia Cliche.
Espérant une amélioration continue de la situation sanitaire, elle veut offrir un plus grand accès au monde équin dès que possible. « Cette passion, elle m’habite depuis plus de 20 ans. Je ne peux pas la laisser disparaître, même si j’ai été angoissé pendant un an et demi », conclut Mme Cliche.