Le Canada devra réduire «considérablement» ses émissions, prévient l’OCDE

Le Canada a des cibles «ambitieuses» pour décarboner l’économie, mais il faudra «des réductions considérables» des émissions de gaz à effet de serre pour les atteindre tandis que son économie est l’une des plus énergivores parmi les pays développés, selon un rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Parmi les membres de l’OCDE, seule l’Australie est moins efficace lorsqu’on considère la quantité de gaz à effet de serre qui est émise pour produire un niveau comparable de richesse, selon le rapport dévoilé à Ottawa lundi. 

Pour chaque unité de produit intérieur brut (PIB) générée, le Canada émet en moyenne plus du double des émissions pour une création de richesse équivalente au Royaume-Uni. L’intensité carbone du Canada est près du tiers plus élevée qu’aux États-Unis. 

«Le Canada produit beaucoup de pétrole et de gaz, explique le chef économiste par intérim de l’OCDE, Alvaro Pereira, en conférence de presse. Les hivers rigoureux au Canada font en sorte qu’il faut plus d’énergie au Canada pour garder nos bâtiments chauds.»

Malgré l’ampleur du défi, l’OCDE estime que le Canada «a un bon cadre» avec une «palette d’instruments» pour effectuer la transition énergétique. Certains mécanismes pourraient toutefois être améliorés, croit l’économiste principal de l’organisation internationale,Philip Hemmings.

«Il faut aller avec l’avant avec les hausses des prix du carbone qui sont prévues, commente l’économiste. Nous croyons aussi qu’il serait bien que le système de tarification du carbone soit renforcé dans certains secteurs et qu’on trouve des moyens d’être plus efficace.»

Besoin d’une plus grande productivité

Le rapport démontre aussi que la productivité augmente moins rapidement au Canada qu’aux États-Unis depuis 2020. 

«À moyen et à long terme, je pense que l’attention sur les moyens d’augmenter la productivité devrait être un enjeu central entourant les débats sur les politiques publiques, plaide M. Pereira.  (…) C’est important parce que si vous voulez avoir un standard de vie qui s’améliore et une croissance économique robuste, vous devez avoir une bonne productivité.»

M. Hemmings a mentionné qu’il n’y avait pas «de solution magique» pour doper la productivité et que les gouvernements doivent réfléchir continuellement à des manières d’encourager la productivité. 

L’OCDE propose entre autres de réduire les barrières commerciales entre les provinces, qui nuisent à la circulation des biens et services. «La non-reconnaissance de certaines qualifications entre provinces réduit l’efficience des marchés du travail canadiens et limite la mobilité», peut-on lire dans le rapport.

Flambée des prix immobiliers

La comparaison avec les autres pays membres de l’OCDE permet de constater que les prix de l’immobilier ont connu une croissance beaucoup plus rapide au Canada depuis 2010 que dans la zone euro et aux États-Unis. 

La hausse des taux d’intérêt, qui vient alourdir la dette hypothécaire de nombreux ménages, représente un risque pour l’économie, mais M. Pereira croit que ce risque est «gérable». «Pour certains ménages, ça pourrait être un enjeu», admet l’économiste. 

M. Hemmings a précisé que la hausse des taux d’intérêt ne représente pas tant un risque pour le secteur bancaire, mais plutôt pour la consommation tandis que les ménages doivent consacrer plus d’argent à leur paiement hypothécaire.