La ferme Rodveil survivra au décès de Dany Rodrigue

Dany Rodrigue, propriétaire de la ferme laitière Rodveil à Saint-Simon-les-Mines, et ses prédécesseurs familiaux ne tomberont pas dans l’oubli.

Le 26 septembre, il a tenté de sauver Axel Josué Saloi Miculax, un employé tombé dans un silo à grains. Les deux hommes sont décédés après avoir inhalé du sulfure d’hydrogène.

«Dany était le seul propriétaire avec deux employés du Guatemala. Malgré notre tristesse, il fallait assurer rapidement le maintien de la ferme avec ses 200 bêtes», soutient Mario Rodrigue, l’un des frères de Dany.

Dans un élan de solidarité, des agriculteurs se sont déplacés pour donner un coup de main bénévolement. Copropriétaire de la ferme Berlyngo à Saint-Simon-les-Mines, Rémi Busque a aidé au recrutement de bénévoles et à l’établissement des horaires de travail.

Mario Rodrigue, frère de Dany, fait confiance à Valérie et Alexandre pour la gestion de la ferme.

«On s’assurait d’avoir au moins trois personnes le matin et trois le soir. Malgré des horaires chargés, les agriculteurs sont venus aider ou ont libéré des employés. La solidarité fait partie des gênes de chaque agriculteur», dit celui qui préside la Relève agricole de la Chaudière-Appalaches.

Jeune couple aux commandes

Au moment du drame, Valérie Bolduc et Alexandre Gauthier vivaient chez les parents de cette dernière à Saint-Victor. Ceux-ci connaissent bien Dany Rodrigue et ont offert immédiatement leur aide.

«Il participait à plusieurs expositions agricoles. Quand j’ai travaillé à la Coop fédérée de Saint-Éphrem, je l’ai croisé sur sa ferme. Nous connaissions son troupeau», dit Valérie.

La ferme Rodveil est dans le «giron Rodrigue» depuis trois générations. Aucun membre de la famille ne pouvant assurer la pérennité de l’entreprise, Valérie Bolduc et Alexandre Gauthier ont été approchés pour gérer la ferme.

«On les a convoqués le 10 octobre, quatre jours après les funérailles de Dany. Nous voulions apprendre à les connaître. Comme ils avaient de l’expérience en agriculture, nous avons accepté qu’ils gèrent la ferme pendant un an», mentionne Mario Rodrigue.

Le jeune couple doit s’occuper de 200 bêtes chaque jour.

Le couple a vécu une expérience similaire plus tôt cette année. «Michel Lapointe, un oncle de Valérie, est décédé dans un accident de motoneige. Il possédait une ferme laitière à Saint-Jules. On s’est offert pour gérer l’entreprise. Ça a duré quelques mois, car un frère de Michel avait un fils qui voulait prendre la relève», précise Alexandre.

Transfert ?

Pour l’instant, rien n’est certain quant à la vente de la ferme Rodveil au jeune couple. Agronome de formation, Valérie Bolduc travaille déjà pour Holstein Québec.

«Je fais du télétravail, mais Alexandre en fait plus sur la ferme quand je dois voyager. Des ressources seront embauchées pour nous aider, alors que Mario s’occupe de la comptabilité», dit Valérie.

Pour Rémi Busque, Alexandre et Valérie ont tous les outils en main pour posséder un jour la ferme Rodveil. «Elle est autosuffisante. Dany a beaucoup investi dans la machinerie et la reproduction. C’est un bel exemple de relève malgré les circonstances particulières», pense-t-il.