Aide médicale à mourir : Élargir une étape à la fois

Québec a annoncé le 21 janvier qu’elle se conformera à une décision judiciaire sur l’aide médicale à mourir. Ottawa fera de même d’ici le 11 mars, mais pour le Beauceron Yvon Bureau, on ne doit pas élargir le débat trop rapidement.

En septembre 2019, la Cour supérieure du Québec a donné raison à Nicole Gladu et Jean Truchon. Aux prises avec des maladies dégénératives incurables, ils affirmaient qu’un des critères d’admissibilité à l’aide médicale à mourir était trop restrictif. Ils souffraient d’un syndrome post-poliomyélite et de paralysie cérébrale.

«Il sera maintenant permis aux adultes aptes, avec ce genre de maladie incurable, de recevoir des soins de fin de vie. La décision s’appliquerait seulement au Québec, mais le gouvernement fédéral n’a pas fait appel. La loi devra être changée aussi de leur côté», explique M. Bureau, ancien travailleur social et coprésident du Collectif Mourir digne et libre.

Consultations publiques

Le 13 janvier 2020, le gouvernement canadien a lancé des consultations publiques en ligne sur des enjeux des soins de fin de vie, comme l’admissibilité et les demandes anticipées. Les Canadiens ont jusqu’au 27 janvier pour remplir le questionnaire.

«Ce sondage comportera beaucoup trop de nuances. Le fédéral va trop vite. Concentrons-nous sur la mise à jour (Gladu-Truchon) pour ne plus faire attendre des malades aux grandes souffrances. Après, ce sera le temps de lancer de vraies consultations pour élargir l’aide médicale à mourir», dit Yvon Bureau.

Yvon Bureau, ancien travailleur social et coprésident du Collectif Mourir digne et libre.

Il inclut le Québec dans cette réflexion, étant donné le rapport d’un groupe d’experts publié au provincial en novembre 2019. Le document contenait 14 recommandations pour élargir l’accès à l’aide médicale à mourir aux personnes inaptes, dont celles souffrant de la maladie d’Alzheimer.

Un forum national se déroulera le 27 janvier à Montréal pour mettre en lumière les différents points de vue sur l’admissibilité à l’aide médicale à mourir, dans un contexte d’inaptitude. Des consultations publiques auront lieu dans les prochaines semaines.

«On doit retarder ces consultations après le 11 mars. Au nom de la compassion des malades comme Gladu et Truchon, concentrons-nous sur la mise à jour de la loi, une étape à la fois», conclut Yvon Bureau.

Cinq ans d’une décision historique

Au Québec, la Loi 52 portant sur les soins de fin de vie a été adoptée le 5 juin 2014. Pour le reste du pays, une législation fédérale est entrée en vigueur deux ans plus tard.

Ces lois respectaient une décision de la Cour suprême du Canada rendue il y a déjà cinq ans, soit le 6 février 2015. Elle confirmait qu’une aide médicale à mourir pouvait être accordée dans le cadre de circonstances précises.