Alphare souffre du sous-financement

Depuis quelques mois, les pressions venant du Regroupement des groupes populaires en alphabétisation du Québec (RGPAQ) afin que le réseau des organismes d’alphabétisation soit mieux financé par le gouvernement du Québec, prennent de l’ampleur. Les organismes, comme Alphare à Saint-Georges, peinent de plus en plus à réaliser leur mission.

Selon la lettre envoyée au gouvernement, rendue publique le 26 janvier dernier, le RGPAQ dénonce l’inertie du gouvernement Couillard en matière de lutte en alphabétisation. Selon la directrice d’Alphare, Annie Poulin, 19 % des 16 à 25 ans sont analphabètes, mais ce sont près de 50 % des gens qui ont des difficultés, que ce soit avec la lecture ou l’écriture.

Le RGPAQ demande au gouvernement «de financer adéquatement les 128 organismes d’alphabétisation dont le rôle essentiel a été reconnu à l’unanimité par les élus de l’Assemblée nationale le 15 septembre dernier». Le regroupement ajoute que ce réseau a été appauvri puisqu’il n’a pas bénéficié d’une indexation équivalente à l’augmentation du coût de la vie depuis 13 ans.

Moins de services offerts

Chez Alphare, le financement est le même depuis les sept dernières années, soit un peu plus de 97 000 $. «On n’a pas eu d’indexation depuis sept ans. Il y a un impact direct sur nos activités. Dans les deux dernières années, on a dû couper une ressource. Une enseignante est devenue à temps partiel et finalement elle a été coupée. On n’est plus capable de donner le nombre d’heures nécessaire à chaque apprenant», explique Mme Poulin qui n’a recours qu’à une seule enseignante.

De plus, l’organisme a dû fermer, il y a quelques années, son point de service à La Guadeloupe. Maintenant, Alphare n’a plus les moyens d’offrir ses services à l’année et doit fermer en été. «On est ouvert entre 40 et 42 semaines par année», se désole Mme Poulin.

Pendant ce temps, la directrice de l’organisme doit passer plus de temps à la recherche de fonds afin de pouvoir poursuivre la mission de l’organisme. «Quand je fais ça, j’ai moins de temps pour faire connaître Alphare et aller chercher des gens qui ont des difficultés. On manque de temps pour faire du terrain», ajoute-t-elle.

Pendant que l’organisme essaie de survivre et de continuer à offrir des services de base, apprendre à lire, écrire, compter et à utiliser un ordinateur, Mme Poulin indique que le temps manque pour développer du nouveau matériel pédagogique et il n’est pas possible d’en acheter.

En 20 ans, Alphare et ses bénévoles auront permis à 800 personnes de développer leur autonomie.

Piste de solutions

«Ce qu’on veut c’est qu’on soit financé à la mission et non pas à chaque activité nouvelle que l’on fait. On veut améliorer notre offre de services. Le regroupement demande aussi une indexation annuelle et aussi qu’on nous fasse confiance. On veut être vu comme des experts dans notre domaine et que notre travail soit reconnu», conclut Annie Poulin.