Chaudière-Appalaches vise la fabrication de bioénergie et de biochar

FORÊT. Alors que les expressions « énergie verte » ou « transition énergétique » sont à la mode, le milieu forestier de la région espère entrer dans la danse avec le lancement d’une étude de préfaisabilité visant à confirmer le potentiel d’implantation d’une unité de fabrication de bioénergie et de biochar en Chaudière-Appalaches.

Initiée par la MRC Nouvelle-Beauce et l’Association des propriétaires de boisés de la Beauce (APBB), plusieurs partenaires viennent se greffer à l’initiative pilotée par l’ex-député de Beauce-Sud, Paul Busque, aujourd’hui conseiller en développement de la filière forestière en Chaudière-Appalaches. Ce dernier estime que le moment d’une telle étude est parfait.

« Le timing est excellent et nous avons une chance en or. Je suis persuadé que dans un horizon de dix ans, plein de choses se seront passées en lien avec la transition énergétique et l’économie verte en Chaudière-Appalaches. Toutes ces choses sont en lien avec la biomasse forestière, notamment. »

Il remarque que les gouvernements ont déjà annoncé leurs couleurs dans ce domaine et que la région se doit de saisir la balle au bond. « Nos gouvernements ont clairement manifesté leur intention de développer des produits faits à partir de matières renouvelables, de bioénergie, de diminuer l’empreinte des énergies fossiles et des gaz à effet de serre. Il y a plein de programmes incitatifs pour en faire la promotion. »

À cet effet, le récent budget fédéral est fort prometteur. « C’est une surprise que le fédéral ait annoncé des investissements de 80 milliards de dollars sur dix ans en développement vers une transition énergétique. Le gouvernement provincial n’est pas en reste non plus et le président américain, Joe Biden, a annoncé récemment que des milliards seraient investis dans ce domaine. Même les Européens sont dans cette voie. Nous sommes à la bonne place au bon moment. Le secteur forestier est en santé chez nous, mais il a toujours été basé sur les papetières dans le passé. Nous devons faire un virage. »

Un virage nécessaire

La MRC Nouvelle-Beauce a été la première à appuyer l’idée d’une valorisation du secteur forestier. Pour le préfet de la MRC, Gaétan Vachon, la région vit une période de transition pour le développement de cette filière. « Nous avons un comité agricole et forestier à la MRC et ça nous amène à réfléchir et à un dialogue sur les besoins de la région. Nous avons des priorités et le forestier en fait partie. Pour aller plus loin, il nous fallait être encadrés par des professionnels et c’est ce que nous avons vendu à notre monde. »

Directeur général de l’Association des propriétaires de boisés de la Beauce, Éric Cliche voit lui aussi, dans cette étude, une belle occasion d’avoir une valorisation optimale du bois. « L’implication d’une organisation de la forêt privée est une première dans ce domaine. Il y a des milliers de propriétaires forestiers privés en Chaudière-Appalaches et il est normal que l’on soit les premiers à prendre les devants. »

L’entreprise GECA Environnement est celle qui sera chargée de l’étude de préfaisabilité commandée par la filière. D’une durée de huit mois, elle permettra de cerner le potentiel de la biomasse en Chaudière-Appalaches, de déterminer les choix technologiques disponibles et le potentiel économique des produits qui seront identifiés. Sa directrice générale, Suzanne Allaire, précise que les technologies sont généralement connues, mais seront adaptées à la région. « On va identifier les classes et les produits qui seront les plus intéressants. On devra ainsi travailler étroitement avec les acteurs de votre région. »

Présent à la rencontre, Michel Côté du Syndicat des producteurs forestiers de la région de Québec a jugé pertinent le virage amorcé, surtout que l’industrie subit encore les contrecoups de l’abandon de la « pitoune » il y a quelques années. « En ayant des débouchés additionnels, on pourra avoir une valeur ajoutée à notre produit et apporter des solutions pour aussi éviter les pertes sur le terrain. »

Si plusieurs estiment que le potentiel forestier de la région est indéniable, aucune étude n’est vraiment venue le confirmer dans le passé. L’étude arrive à un moment important dans la démarche, estime Paul Busque. « C’est facile de dire que nous avons du bois, sauf que nous devons aller plus loin. On a besoin d’informations additionnelles pour les prochaines étapes. Ce que l’on souhaite, c’est d’aider tous les acteurs de la forêt et valoriser toutes les essences de la forêt. En le faisant, on ouvre pleins de possibilités d’en récupérer et en valoriser certaines. »