Cinq ans à enseigner aux jeunes inuits dans le nord du Québec

Seriez-vous capable de déménager dans le nord du Québec pour occuper un emploi ? En s’installant à Kuujjuaq, Pascale Pruneau et Pierre-Luc Vaudreuil ont acquis beaucoup d’expérience dans le milieu de l’éducation.

C’est en août 2014 que Pascale, de Saint-Prosper, et Pierre-Luc, de Saint-Simon-les-Mines, sont débarqués à Kuujjuaq afin de travailler à l’école Jaanimmarik.

En couple depuis sept ans à ce moment, ils venaient d’obtenir leur baccalauréat à l’Université de Sherbrooke, lui en enseignement secondaire en mathématiques et elle en adaptation scolaire et sociale.

«J’ai enseigné les mathématiques en quatrième et cinquième secondaire. Le contrat était renouvelable chaque année. Des gens sont restés moins longtemps que nous, mais on voulait continuer d’aider les jeunes à poursuivre leurs études», dit Pierre-Luc.

Pierre-Luc Vaudreuil enseignait les mathématiques au secondaire.

L’enseignement se déroulait en français, une troisième langue pour les Inuits, après l’inuktitut et l’anglais. Pierre-Luc et Pascale ont fait preuve d’imagination pour intéresser les jeunes à aimer l’école.

«Même avec de petits groupes, nous devions être très disponibles. Le programme d’enseignement est en retard sur celui du reste de la province. On s’est beaucoup impliqué dans la communauté. Avec le programme Nurrait Jeunes Karibus, j’ai fait du camping, de la chasse et de la pêche avec des élèves», explique Pierre-Luc.

Manque de ressources

Pendant trois ans, Pascale Pruneau a enseigné aux élèves en cinquième et sixième année. En 2017, elle accepte un poste de conseillère pédagogique en adaptation scolaire, pour la Commission scolaire de Kativik.

«Je voyageais par avion dans chaque village pour aider d’autres enseignants au Nunavik. J’aidais aussi l’orthopédagogue, qui était seul pour s’occuper de 17 écoles dans 14 villages. On manquait de ressources pour aider les élèves en difficulté», affirme Pascale.

Comme les problèmes sociaux et familiaux sont monnaie courante au Nunavik, plusieurs jeunes voient l’école comme un refuge. «Il faut se résilier et choisir nos combats. C’est une minorité des élèves qui finissent leur secondaire. On essaie de les ouvrir sur le monde», indique Pierre-Luc.

De retour en 2020 ?

Durant leurs temps libres, Pierre-Luc et Pascale ont visité entre autres le parc national Kuururjuaq, à Kangiqsualujjuaq.

Pascale et Pierre-Luc gardent d’excellents souvenirs de leur passage à Kuujjuaq. Au-delà de l’enseignement, Pascale Pruneau se rappelle son plaisir à jouer au hockey senior comme membre des Ummimak.

«J’ai entraîné des jeunes à travers le Nunavik Volleyball Program.  Les enseignants travaillent fort pour que le Nunavik puisse avoir sa délégation aux Jeux du Québec», dit Pascale.

Ayant choisi de revenir en Beauce pour prendre une année sabbatique, le couple reste ouvert à l’idée de retourner au Nunavik en septembre 2020.

«Pour l’instant, on veut se consacrer à des projets personnels. On s’est habitué à la température là-bas, car le froid n’est pas humide comme ici (Beauce). Je m’ennuie des jeunes, mais aussi des sorties en avion, motoneige ou en bateau», avoue Pierre-Luc.

Pascale et Pierre-Luc conseillent aux jeunes enseignants de vivre l’expérience du travail au Nunavik. «Ça nous a fait grandir. Nous avions plus de libertés dans nos approches que si on avait travaillé dans une école au sud, mais ça prend un côté explorateur», croit Pierre-Luc.