De la Colombie vers l’Estrie jusqu’à la Beauce
Ce portrait vous est présenté dans le cadre de la 15e Semaine québécoise des rencontres interculturelles qui se tient du 23 au 29 octobre.
John Baron Sanchez et Alexandra Castellanos Villami ont immigré au Québec en 2013. Tous deux originaires de Bogota, capitale de la Colombie, ils se sont intégrés parfaitement à notre culture.
À la naissance de leur fils Juan en 2009, John et Alexandra cherchaient à s’établir dans un autre pays afin de donner un avenir plus prometteur à lui et un enfant futur. Ils n’ont pas fui le pays à cause d’une guerre ou du cartel de la drogue, mais plutôt en raison du système social en Colombie.
«La santé et l’éducation coûtent très cher en Colombie. Le système privé est réservé aux riches et le système public n’est pas bien organisé comme ici. On voit clairement les divisions des classes sociales», explique John.
John Baron Sanchez travaillait en comptabilité dans des banques. Alexandra connaissait aussi bien les chiffres comme commis-comptable. Par contre, le couple ne communiquait qu’en espagnol. Choisir le Québec comme lieu d’accueil représentait donc un défi au niveau langagier.
«On n’avait seulement qu’une base en anglais. Nous avons suivi des cours de français de base en Colombie grâce à Alliance Française. Nous avons passé nos tests d’admission en français pour obtenir la résidence permanente au Canada», d’ajouter John.
Monter les échelons
John, Alexandra et Juan se sont d’abord installés à Sherbrooke en 2013. La famille a choisi cet endroit parce qu’un ami de John vivait déjà là-bas.
«Au départ, on se demandait si on avait pris une mauvaise décision. Le reste de la famille était en Colombie et on a vécu des moments de solitude. C’était comme repartir à zéro», admet Alexandra.
Suivant d’autres cours de francisation au Cégep de Sherbrooke, John et Alexandra ont eu des trucs pour la recherche d’emploi. Après un an en Estrie, la famille a déménagé à Courcelles où John a été engagé comme magasinier chez Chemise Perfection.
«J’ai grimpé dans l’entreprise pour devenir contremaître au superviseur. On a déménagé à Saint-Georges après la naissance de Manuel (2015), car Alexandra a eu une grossesse à risque et on voulait se rapprocher de l’hôpital et des services», explique John.
Cette année, Alexandra a suivi une formation avec des stages au CFP Pozer afin de devenir préposée aux bénéficiaires.
«J’ai mon diplôme et suis à la recherche d’un emploi. Quand je ne comprenais pas une expression en français, un autre élève était là pour m’aider. J’ai choisi ce métier parce que j’aime aider les gens», précise Alexandra.
Racisme ?
John et Alexandra n’ont jamais souhaité s’établir à Montréal où les immigrants s’installent souvent dans des quartiers définis selon leur culture.
«Si on était resté dans un quartier seulement latino, on ne se serait pas bien intégré à la société québécoise. En Beauce, nos enfants pourront être trilingues. On parle souvent en <I>fragnol<I> (français et espagnol) à la maison pour qu’ils conservent quand même leur culture d’origine», mentionne John.
Le couple affirme n’avoir pas subi de racisme depuis leur arrivée au Québec. «Il y a surtout de la curiosité. Une fois chez Tim Hortons, des gens qu’on ne connaissait pas sont venus nous parler en espagnol et on a répondu en français. Ils ont été surpris», se souvient John.
Malgré la distance, John et Alexandra gardent le contact avec leurs proches en Colombie par Skype. La mère d’Alexandra est même venue à Saint-Georges à deux reprises. «J’aime aussi l’hiver, mais juste pour trois mois ! La neige, c’est beau à regarder», dit Alexandra.