Francisation: le financement est plus difficile chez les jeunes

Même si les enfants apprennent généralement beaucoup plus rapidement que les adultes, le financement pour apprendre le français aux jeunes des travailleurs étrangers ne suit pas l’augmentation rapide du nombre d’élèves en Beauce.

Le coordonnateur aux services éducatifs et principal responsable du volet francisation, Vincent Lemieux, explique que la commission scolaire de la Beauce-Etchemin (CSBE) reçoit effectivement un montant par élève du ministère de l’Éducation. Cependant, ce montant est fixé sur le nombre d’élèves en francisation d’il y a deux ans. «On essaie de faire prendre conscience au ministère qu’en région, ce n’est pas comme dans les grandes villes où on peut faire des classes de francisation. Des entreprises à Sainte-Justine ou à La Guadeloupe engagent beaucoup de travailleurs étrangers ce qui fait que nous sommes en forte augmentation de clientèle immigrante, mais le financement ne suit pas cette augmentation», mentionne M. Lemieux. Les montants en francisation annoncés dans le dernier budget Leitão aideront, concède le responsable du volet francisation, mais ne sont pas suffisants pour répondre à la demande.

Le problème en région, c’est qu’en raison de la distance, la CSBE ne peut faire de classes de francisation comme dans les plus grands centres. «Si on fait un groupe de 20 élèves, on a 20 fois plus de temps de francisation. Comme on ne peut pas le faire ici, il faut élaborer des outils localement. La commission scolaire a aussi investi pour rendre disponibles des iPad pour les élèves», explique M. Lemieux. En moyenne, le nombre d’heures financées pour un élève en francisation est de 60. Cette année, la CSBE a reçu 56 000 $ pour les élèves en francisation. Mais le coût réel, selon Vincent Lemieux, se chiffre entre 60 000 $ et 70 000 $, et celui-ci grimpe chaque année.

Solutions à court terme

Depuis peu, la CSBE a demandé l’aide de l’organisme d’aide en alphabétisation Alphare pour les aider à franciser des jeunes. La directrice de l’organisme, Annie Poulin, confirme avoir reçu une demande de la Polyvalente de Saint-Georges afin d’aider quatre élèves qui présentaient des difficultés en raison du nombre d’heures de francisation pas assez élevées. «Ce n’est pas notre mandat premier, mais comme ça ne fonctionnait pas avec les services offerts à la CSBE, on a montré notre bonne volonté. Cependant, on ne pourrait pas en faire plus. Une enseignante va à l’école une heure et demie par semaine. Elle a dû trouver du matériel adapté à la francisation et aux jeunes, car nous travaillons habituellement avec des adultes francophones», explique-t-elle.

La CSBE essaie aussi d’adapter un partenariat avec les adultes à Sainte-Justine afin d’évaluer la possibilité de franciser les enfants avec leurs parents qui reçoivent déjà des services de l’enseignant Éric Nadeau (voir autre texte).

Vincent Lemieux ajoute que des formations ont été données aux enseignants et aux autres intervenants des écoles concernées afin qu’ils aient une meilleure compréhension de la réalité de l’enfant. «Les enseignants doivent faire des efforts de plus pour intégrer les enfants immigrants même s’ils ne parlent pas la langue», estime-t-il. De plus, un projet a été réalisé l’an dernier afin de développer des outils pour aider les enseignants de français et des autres matières à amener l’élève à un certain niveau. Ces étudiants reçoivent beaucoup plus d’accompagnement.

Dans le meilleur des cas, M. Lemieux aimerait que la commission scolaire soit financée au nombre d’élèves inscrits au 30 septembre avec une mise à niveau en mai ou juin étant donné que des immigrants arrivent régulièrement en cours d’année. La CSBE accueille environ 55 élèves par an provenant d’une quinzaine de pays différents.