Il faut apprendre à vivre avec le Covid-19 selon le PDG du CISSS-CA

L’apparition du virus Covid-19 changera inévitablement notre société selon le directeur général du CISSS Chaudière-Appalaches, Daniel Paré. Il est convaincu que celui-ci ne disparaîtra pas du jour au lendemain.

Notre système de santé a, jusqu’à maintenant, bien réagi à l’arrivée du virus estime M. Paré, conscient que la partie est loin d’être gagnée. «Ça a changé notre vie. Avant, nous regardions nos données sur les urgences, les chirurgies et les délais d’attente. Du jour au lendemain, nous sommes entrés dans un mode de préparation pour la COVID-19. Nous avons même travaillé à changer nos lieux physiques dans nos installations, trouver du matériel et former du personnel.»

La région Chaudière-Appalaches a été somme toute épargnée jusqu’à maintenant, si on la compare à ce que vivent la région de Montréal et ses banlieues. «C’est un virus qui est vicieux et très contagieux. La partie qui est asymptomatique est particulière, car c’est difficile de se battre contre un ennemi qui est invisible. Nous avons été chanceux, mais avons fait beaucoup de prévention et les gens ont respecté les règles. Le fait d’avoir moins de cas dans la région a aussi permis d’épargner nos établissements.»

Inévitable

Le sujet des résidences pour personnes âgées, privées et publiques, a rapidement monopolisé l’attention à la suite d’éclosions principalement dans la région de Montréal. Mis à part deux établissements à Lévis, les résidences pour personnes âgées de la région ont été à peu près épargnées jusqu’à maintenant. Selon M. Paré, ce n’est qu’une question de temps avant que la région ne soit touchée.

«Ce n’est qu’une question de temps avant que nous ayons des cas dans nos centres d’hébergement, avec le décloisonnement des régions et la reprise de certaines activités. Il faudra apprendre à vivre avec le Covid-19 dans nos installations. Ce qu’on ne veut pas, c’est que ça arrive tout d’un coup. Il faut qu’on soit capable de limiter la propagation dans nos centres d’hébergement ou nos hôpitaux. Nous avons appris de ce qui s’est produit à Montréal et Laval», avoue-t-il.

Il revient constamment sur le fait qu’il est inévitable que le virus continue d’exister pour un certain temps. «Nous en aurons, mais quand cela arrivera, on va s’en occuper avec le savoir que les autres régions nous auront partagé. C’est un marathon et nous n’en sommes pas encore à la moitié. On aimerait éliminer le Covid, mais ce n’est pas comme ça que ça fonctionne. L’enjeu est d’être capable de le gérer.»

Un système en mutation

Le directeur général du CISSS fait valoir que le système de santé dans la région a également bien résisté aux impacts de la Covid-19 dans la vie courante. «On n’en parle beaucoup ces temps-ci, mais nos services sont encore ouverts. Nos taux d’occupation sont à la baisse et à près de 50 %, surtout à l’urgence. L’occupation dans les hôpitaux a aussi diminué, sauf que ça tend à remonter, particulièrement dans les deux dernières semaines.»

Il ajoute que les médecins se sont adaptés rapidement à ce nouveau contexte. De plus en plus de consultations se font par téléphone ou vidéo, selon les équipements que les usagers ont à la maison.

Autre élément important, seulement 30 personnes à l’heure actuelle ne sont pas au travail pour des raisons de prévention ou autre. «Au début, nous avons eu jusqu’à 125 personnes à l’écart parce que nous ne prenions pas de chance, même si tout s’est avéré négatif. Notre personnel tient le coup», confie-t-il.

Revoir la structure

Il convient qu’un examen de la structure en place sera pertinent, particulièrement dans les résidences de personnes âgées, mais que le moment n’est peut-être pas opportun. «Pour l’instant, on se concentre sur la gestion de la crise. On devra apprendre de tout ça et déjà, les pistes de solutions sont ciblées. Le nombre de personnels et le genre d’employés, même la façon de construire les résidences en fait partie. Il y a des constats faciles à faire, mais nous aurons besoin d’un temps de réflexion après pour juger. On ne part pas à zéro.»

La création des CISSS en 2005 a peut-être créé des irritants, mais plusieurs points sont aussi positifs. «Il ne faut pas mettre tout sur le dos des structures. Lorsque nous avons fait la fusion en 2015, il y avait un effort d’économie de 40 M$ à faire et c’est dans la structure qu’elles se sont faites. L’objectif était de réinvestir des sommes dans les services sur le terrain et dans les soins.

Un des points positifs de la démarche est que la gestion de proximité n’a pas changé. «Avant, nous manquions d’expertise tandis qu’aujourd’hui, quand quelque chose comme ce qu’on l’on vit survient, nous sommes mieux équipés pour y faire face. Il y a peut-être des moins, mais il y a des plus aussi. Après les cinq à six ans de la fusion, ce sera un bon moment de faire un examen de la situation.»