« Il n’y aura pas de bac brun, on croit au biomécanique » – Jean-Pierre Fortier
ENVIRONNEMENT. Après une année de vitrine technologique, l’entreprise Viridis Environnement doit augmenter la capacité de traitement de son usine pour traiter plus de matières compostables.
Récapitulons, le but premier du projet Triom, un procédé de traitement des résidus ménagers, est de détourner le plus possible de matières du site d’enfouissement, pour notamment enfouir le moins possible de matières organiques qui sont une cause des émissions de gaz à effet de serre (GES).
« Projet Triom fonctionne bien. Nous détournons 40 % des matières du site d’enfouissement » , lance avec fierté François Léveillée, directeur principal au développement et à la commercialisation chez Viridis Environnement. « On récupère des matières organiques, mais aussi des matières récupérables comme l’acier, les matériaux de construction, le carton, les agrégats et on les réutilise en les recyclant », raconte-t-il.
Recycler le plus de matières possibles
À la première année du projet pilote, Viridis a traité environ 1500 tonnes de matières résiduelles. Pour la deuxième année, elle vise à en traiter 2400 tonnes. Le but ultime est de récupérer entre 15 000 et 18 000 tonnes de matières résiduelles par année.
« Viridis n’a pas été capable d’augmenter le nombre de bioséchoirs comme on le voulait au départ. Nous procédons donc à une étude de faisabilité afin d’améliorer et d’optimiser le bioséchage », explique Jean-Pierre Fortier, président du conseil d’administration de la Régie intermunicipale du comté de Beauce-Sud (RICBS).
Le projet entre ainsi dans sa deuxième phase qui est d’agrandir l’usine pour traiter plus de matières. M. Léveillée défend ardemment son projet. Pour lui, la première année a servi également à évaluer les mesures environnementales par rapport au procédé Triom.
« La vitrine technologique nous a permis de caractériser les matières, de les identifier et de les placer dans le procédé pour ensuite connaître si c’est de la matière récupérable. Beauce-Sartigan est la région qui connaît le plus ses résidus ménagers au Québec. C’est un travail rigoureux, pas nécessairement plaisant, mais il faut le faire », ajoute M. Léveillée.
Le ministère de l’Environnement aura le dernier mot
Toutefois, Viridis a de la difficulté à faire approuver le projet biomécanique auprès du ministère de l’Environnement et de Recyc-Québec. « La vitrine permet aussi de démontrer les performances de cette approche, de ce mode de gestion pour rassurer le ministère de l’Environnement. Il faut faire la preuve et la documenter », soutient M. Léveillée.
Recyc-Québec préfère plutôt utiliser une troisième voie, soit un sac de couleur à mettre dans le bac à ordures ou l’ajout d’un bac brun, ce qui signifie un autre voyage de camions, donc des dépenses supplémentaires pour les 17 municipalités de la RICBS qui croient davantage au procédé Triom.
« Il n’y aura pas de bac brun, on croit au biomécanique. L’implantation d’un bac brun est un enjeu très couteux et n’est pas garant de succès. Le bac brun récupère 20 % des matières compostables, tandis que le biomécanique récupère 65 % des matières organiques prises à partir des sacs à ordures », mentionne M. Fortier.
La dernière année, Viridis Environnement a récupéré 730 000 tonnes de matières résiduelles partout au Québec. Le procédé Triom est un projet parmi d’autres qu’utilise Viridis pour détourner des matières des sites d’enfouissement.
« C’est environ 150 camions par jour, 365 jours par année. C’est énorme pour recycler toutes sortes de matières résiduelles fertilisantes qui sont ensuite redistribuées dans les champs agricoles comme source d’engrais », résume M. Léveillée.