Incendie à la cathédrale Notre-Dame de Paris: un Beauceron raconte

Installé à Paris depuis près de cinq ans, Mickaël Bouffard, originaire de Saint-Prosper, raconte comment il a vécu l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, dont les images ont fait le tour du monde, le 15 avril.  

«C’est hyper traumatisant ce qui s’est passé. Tout le monde est traumatisé. Les gens ont assisté au feu sans parler. Tout autour de l’île de la Cité, les gens regardaient sans dire un mot. C’est un choc post-traumatique», explique d’entrée de jeu le Beauceron Michaël Bouffard.

Il ajoute que la première chose qu’il a pensé, c’était que ce devait être causé par une attaque terroriste. «On est tellement sur ce mind-set là à Paris. […] C’est dur de se rendre compte du climat depuis les attentats. On n’y pense plus comme avant, mais on est vraiment resté sur le qui-vive. Et le fait qu’après tout ce qui s’est passé, même si ça n’a pas rapport avec le terrorisme et que c’est une erreur humaine, on n’avait pas besoin de ça. On est vraiment à fleur de peau par rapport à ça», explique M. Bouffard, qui est également détenteur d’un doctorat en histoire de l’art.

Pour de nombreux Parisiens, la cathédrale est vue comme un monument qu’ils côtoient tous les jours. «Les Parisiens marchent beaucoup. Et quand un transfert de métro est compliqué, on préfère marcher devant la cathédrale, même si ça nous rallonge de 10 ou 15 minutes. Et ça, c’est que tu sois croyant ou pas. Ça n’a même pas rapport avec la religion, mentionne-t-il. Elle avait l’air comme invincible cette cathédrale-là. C’est pour ça aussi que ça choque autant tout le monde».

Perte inestimable

Selon lui, le chantier aurait dû être beaucoup plus surveillé pour éviter qu’un incident évitable arrive. «Du point de vue de l’histoire de l’architecture, ça fait partie des toutes premières cathédrales gothiques. On est passé à l’arc en ogive. C’est la raison pour laquelle la voûte ne s’est pas totalement effondrée. Le poids est mieux réparti sur les piliers», expose M. Bouffard.

Notre-Dame de Paris a vu sa charpente, bien cachée dans les combles partir en fumée. «Les combles, on appelle ça la forêt parce qu’il y a des centaines d’arbres et pardessus c’est la toiture. […] Le bois de charpente, il y en avait qui datait de 1 220 au 13e siècle. Et les arbres avaient été abattus en 1 160 et séchés pendant 60 ans avant d’être utilisables», décrète-t-il.. D’ailleurs, c’était des arbres âgés de 300 à 400 ans. «Il y avait du bois qui avait été planté au huitième siècle qui est disparu. Ça dépasse la compréhension».

Les vitraux sont également perdus. «Ce qu’on perd d’inestimable, c’est les vitraux. Certains sont parmi les plus anciens du monde», se désole-t-il. S’il n’est pas peiné de voir la toiture de plomb disparaître, c’est qu’elle avait été refaite. La flèche cependant, même si elle n’avait été ajoutée qu’en 1860, faisait également partie du paysage depuis près de 160 ans. «On la voit de partout à Paris. C’est triste, mais c’est moins ancien», ajoute M. Bouffard.

En terminant, il rappelle que le pape s’était même déplacé lors de la pose de la première pierre de la cathédrale en 1 163 et que les gros travaux se sont terminés en 1 256. Quant à la finition, ce n’est qu’en 1 400 qu’elle a été achevée.