La difficulté de venir en aide aux proches aidants en temps de pandémie

Depuis 1979, l’Association bénévole Beauce-Sartigan (ABBS) aide au maintien à domiciles des aînés. L’organisme a également un volet pour les proches aidants très développé. Depuis le début de la pandémie, tout est différent et il est particulièrement difficile de venir en aide à cette clientèle.

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D’entrée de jeu, l’intervenante pour les proches aidants à l’ABBS, Mariam Bosquart, indique que tout a changé dans les derniers mois. Une partie de son travail consistait à réaliser des rencontres psychosociales individuelles ou en groupe. Il y avait également des groupes de soutien dans les résidences pour personnes âgées. Tout ça ne peut plus être fait, laissant ainsi des personnes vulnérables sans aide.

« Nous sommes passés au soutien téléphonique, ce qui n’a rien à voir avec les rencontres en personne », soutient-elle. Mme Bosquart indique que lorsqu’un proche aidant habite avec la personne qu’il aide, il ne parlera pas de ce qui se passe au quotidien en sa présence.

« On a essayé d’utiliser les nouvelles technologies, dont Facebook et Messenger. Là encore, il faut que les gens soient à l’aise avec un ordinateur et Facebook. On a aussi des rencontres Zoom. […] On le fait même si on sait que l’on ne rejoint que 5 % de notre clientèle habituelle ». Mme Bosquart a tout de même un groupe sur deux qui a accepté de faire les rencontres par Zoom.

« Dans les circonstances, il n’y a rien qui remplace le contact physique. Au téléphone, je ne vois pas le non verbal de la personne. Donc ce suivi-là est vraiment compliqué » se désole-t-elle.

Un rôle plus difficile et plus stressant

Le rôle des proches aidants est également devenu plus compliqué. « Avant, ces personnes étaient aidées par des bénévoles ou par de la famille, mais ils ne peuvent plus. Nous avons aussi perdu beaucoup de bénévoles en raison de l’âge. Alors oui, les proches aidants ont perdu des services », ajoute Mme Bosquart.

Le stress et la peur jouent également un grand rôle dans la gestion des services offerts aux proches aidants. « On s’était dit qu’après l’été, on allait retourner un petit peu à la normale. Mais les gens sont tellement stressés par le virus et ont tellement peur de contaminer quelqu’un que ça les stress trop et ils n’osent pas venir nous rencontrer ».

S’il y a quelques bénévoles offrant du répit aux proches aidants qui ont accepté de recommencer à être présents pour les autres, ce n’est pas la majorité. Plusieurs ont cessé leurs activités depuis le début de la crise sanitaire, souvent en raison de leur âge. « Il y a même des proches aidants qui n’osent plus ouvrir la porte (pour recevoir un service), car ils ont peur. On se sent impuissant pour aider », estime Mariam Bosquart.

C’est sans compter que même si les proches aidants peuvent continuer à visiter leurs proches dans une résidence pour personnes âgées, « les gens pensent encore que c’est tout fermé et qu’ils ne peuvent voir personne. Parfois, ils se font refuser l’entrée et je dois leur faire un papier pour prouver qu’ils sont proches aidants », ajoute l’intervenante.

Combien de liens familiaux ou de couples seront brisés en raison de la pandémie? « Parfois, avec un aîné, le toucher physique c’est le seul moyen de communication et de réconfort » expose-t-elle, consternée devant bon nombre de situations particulièrement tristes.