La fin du bois de «quatre pieds» en Beauce ?

La forêt privée de la Beauce est frappée de plein fouet par un avenir incertain du bois à pâtes résineux. Ce n’est toutefois pas le seul souci de l’Association des propriétaires de boisés de la Beauce (APBB) qui travaille ardemment avec ses partenaires afin de dénicher de nouveaux marchés.

En 2012, les membres de l’APBB ont envoyé un lot de 220 000 mètres cubiques de bois à pâtes à trois usines. Avec la fermeture de la Madison Paper dans le Maine en début d’année 2016, il y a seulement une usine où sera envoyé le bois de quatre pieds de sapin-épinette communément appelé la pitoune. En 2017, l’Association a paraphé une entente de distribution de 20 000 mètres cubiques à l’usine Kruger soit la plus petite année de livraison de son histoire. Ce quota a été attribué par tirage aux membres et rien n’indique que ce partenariat sera renouvelé en 2018 d’après Michel Roy, directeur des communications de l’Association.

La fin imminente de ce marché aura des conséquences sur les propriétaires. Plusieurs d’entre eux n’étant pas équipés pour le marché du bois sciage pouvaient au minimum en soutirer des revenus d’appoints. D’autres impacts se feront sentir également chez les transporteurs, les entrepreneurs forestiers, les moulins et finalement à l’Association, qui devra subir une restructuration.

La menace du bois d’oeuvre

La situation du bois d’œuvre avec les Américains pourrait également complexifier les conditions de marché. «Présentement, le marché du sciage est très bon, mais l’enjeu majeur, c’est l’accord du bois d’œuvre qui pourrait réduire davantage la demande. Il y a déjà la crise dans le bois à pâte et les difficultés d’accès au marché de sciage en raison du volume de bois en circulation qui dépasse la demande. En ce moment, il y a du bois qui a de la difficulté à trouver preneur», explique M. Roy.

«La nécessité est grande de développer un marché régional, l’enjeu est là pour nous. Le démarchage que nous faisons en ce moment avec nos partenaires économiques et politiques est important», réitère-t-il.

Dans le dernier bulletin forestier de l’Association, une des avenues possibles est de remplacer à moyen terme les revenus du bois de quatre pieds par la biomasse et via aussi sa transformation en copeaux pour la litière. Les conditions incertaines du marché pourraient à long terme affecter la culture forestière du territoire.

Enquête sur l’avenir du Plan conjoint

La vente du bois de quatre pieds résineux finance près de 28 % de la gestion du Plan conjoint de la Beauce. Le Groupe Ageco en partenariat avec l’APBB, mènera une enquête sur l’avenir de celui-ci. Établi en 1966, celui-ci a pour but d’optimiser les conditions de mises en marché, d’éviter la surproduction, et de favoriser l’aménagement forestier du territoire. Un questionnaire sera envoyé à un certain nombre de producteurs parmi les 11 000 propriétaires du territoire. Les résultats seront connus en mars prochain.