La quête de la vérité

TÉMOIGNAGE. Simon -Drouin est à la retraite depuis 2022, après 32 ans de services au sein de la Sûreté du Québec (SQ). Sa carrière l’a mené à vivre des expériences humaines et professionnelles marquantes, en Beauce comme en Haïti, toujours dans la quête de la vérité derrière toutes situations et toutes dénonciations qu’Il a dû élucider comme enquêteur.

Provenant d’une famille de six enfants et ayant vécu dans une famille stable et aimante, l’attrait pour la police de ce Georgien n’a rien à voir avec les jeux de police qu’il a pu recevoir lorsqu’il était enfant. Ce fut un parcours qui allait de soi et qui s’est écrit au fur et à mesure que son livre de vie s’ouvrait devant lui.

« Je voulais rendre service aux gens en utilisant des règles et des règlements que la société m’a donnés pour les faire appliquer », lance-t-il.

Il a complété un DEC en technique policière au Cégep François-Xavier Garneau, à Québec, avant de se rendre à Nicolet pour y être formé comme policier. D’ailleurs, tout au long de sa carrière, il reviendra à la source, à Nicolet, pour de la formation continue.

« Le plus important lorsque tu démarres dans le métier, c’est de s’entourer de mentors. La première année, il va t’épauler et tu puiseras dans les expériences de celui-ci », raconte-t-il.

En 1989, à l’âge de 21 ans, il a commencé son métier – en tant que patrouilleur – qui allait lui montrer assez vite les nombreuses facettes de la société, à la -Sûreté municipale de Valleyfield et de Saint-Jérôme notamment.

Il ne connaissait pas non plus le côté obscur de la société, qui, de ses aveux, a été un choc en début de carrière. Il se souvient très bien de son premier cas de violence conjugale. Sa première journée à la SQ coïncide avec la crise d’Oka en 1990 et son premier quart de nuit a été de tomber sur un cas de meurtre.

Ne pas juger la personne qui est devant toi

« La recherche de la vérité est le but ultime pour obtenir des aveux. Quand j’écoutais un témoin, un plaignant ou une victime, je me devais de l’écouter sans jugement. De prime abord, ce que la personne me disait, c’était la vérité jusqu’à la preuve du contraire dans mon enquête », explique-t-il.

« Il y a toujours une raison pour laquelle un crime a été commis. Si tu juges la personne qui est devant toi, tu t’affaiblis comme enquêteur. Derrière tout crime, mêmes les plus sordides, il y a une raison pourquoi le geste a été posé. Mon travail était de le comprendre et non de le juger », soutient le policier à la retraite.

Spécialisation : crimes à caractères sexuels

En 2002, Simon Drouin a demandé a été transféré à la MRC Robert-Cliche [aujourd’hui la MRC Beauce-Centre], à Saint-Joseph, pour être plus proche de sa famille. Il y débutera un nouveau parcours de plus de 20 ans comme enquêteur spécialisé dans les crimes à caractères sexuels ou physiques.

L’affaire médiatisée de Nathalie Simard et des actes sexuels commis par son impresario Guy Cloutier lorsqu’elle était enfant a ouvert, en 2004, la porte aux dénonciations qui s’accumulaient sur le bureau de M. Drouin.

« Mon travail était d’avoir une justice pour la victime, mais aussi de lui donner un support pour que sa vie continue. Elle ne restera pas victime toute sa vie », indique-t-il.

Bien que la pression de la réussite était toujours présente au-dessus de sa tête, M. Drouin insiste que monter des dossiers qui devaient démontrer hors de tout doute qu’il y a eu actes criminels était ardu.

« C’est tout un défi que notre code criminel et notre justice nous imposent, mais une fois mon dossier complet, qu’il y ait une sentence ou pas ordonnée par un juge, ce n’était plus de mon ressort »

Bien qu’il soit à la retraite, Simon Drouin continue de suivre des policiers à l’École nationale de police du Québec, à Nicolet, comme instructeur-coach. Sa plus grande récompense est lorsqu’une personne, qui a été une victime ou qui a fait de la prison, vient à lui pour lui témoigner sa gratitude d’avoir fait une différence positive dans leur vie.