La réforme Optilab frappe un mur en région

Sur l’heure du dîner, les technologistes médicales de l’Hôpital de Saint-Georges ainsi que leurs homologues en Chaudière-Appalaches ont formé un mur afin d’exprimer leur mécontentement sur la réforme de centralisation des laboratoires, Optilab.

«M. (Gaétan) Barrette, maintenir la date du 1er avril pour lancer la centralisation massive des examens de laboratoire est totalement irréaliste et précipité. Si vous persistez, vous allez droit dans un mur», a averti la responsable régionale de l’APTS, Danielle Duguay.

L’APTS réclame toujours un moratoire pour le projet OPTILAB. À ce jour, elle a recueilli des appuis de 20 000 signataires à sa pétition, dont de nombreux médecins spécialistes, ainsi que d’une centaine de municipalités et de MRC.

«M. Barrette a une job à faire. Il met ses œillères et il continue d’avancer en faisant la sourde oreille, et ce, malgré les recommandations qui proviennent de partout au Québec», critique Mme Duguay.

Trop pressé en Chaudière-Appalaches

La responsable politique voit aussi d’un mauvais œil que le Centre intégré de santé et de services sociaux en Chaudière-Appalaches (CISSS-CA) tente d’implanter Optilab plus rapidement que les autres régions du Québec. «Ce n’est pas une course pour savoir qui terminera premier. Il y a des ratés en ce moment», insiste Mme Duguay.

À deux semaines du coup d’envoi d’Optilab, l’APTS n’a reçu aucune garantie que la sécurité des échantillons sera assurée par l’organisation. Certains spécimens devront franchir plus de 100 kilomètres avant d’être analysés.

«Nous ne sommes pas contre le principe. Ils ne sont pas prêts et ils vont avoir des ratés. La semaine passée lors de la tempête, il n’y a eu aucun départ de spécimens vers le laboratoire de Lévis. Les routes étaient fermées. Il y a eu des pertes d’échantillons», fait remarquer Mme Duguay.

En plus de la sécurité des échantillons, l’APTS déplore que les systèmes informatiques soient toujours incompatibles entre eux. On s’inquiète aussi que le laboratoire serveur de Lévis n’ait pas la capacité physique de recevoir les milliers de nouveaux échantillons.

«Nous parlons de 70 % des analyses du territoire, pourquoi augmenter les facteurs de risque? Nous ne sommes pas contre une certaine centralisation, mais les gens ont l’expertise et le matériel ici à Saint-Georges», rappelle Mme Duguay.

Le CISSS-CA fait ses devoirs

Le CISSS de Chaudière-Appalaches affirme prendre les mesures nécessaires afin de réaliser chacune des étapes avec rigueur afin de s’assurer de la sécurité inhérente à chaque processus. «La réalisation du projet Optilab est une priorité organisationnelle pour le CISSS, souligne la porte-parole, Mireille Gaudreau. Nous avons une saine gestion et le projet requiert qu’on avance avec une cadence soutenue en collaboration avec tous les secteurs impliqués.»

Malgré les critiques de l’APTS, le CISSS-CA dit avoir amélioré son système informatisé à Lévis et ajouté des liens fonctionnels entre les autres établissements en prévision des diverses phases du projet.

Quant à la sécurité du transport d’échantillons, la porte-parole informe que la direction logistique de l’organisation a revu la cartographie de ses routes en fonction de l’intégrité des spécimens qui seront analysés à Lévis. «Le modèle développé par la direction du CISSS est visionnaire et il est suivi par un projet de recherche de l’Université Laval et du Ministère», conclut Mme Gaudreau.

Mis en œuvre en janvier 2016, le CISSS s’est donné trois à cinq ans pour compléter la réorganisation Optilab.