La Seigneurie du Jasmin dénonce les menaces reçues au sujet du confinement des aînés

Responsable des loisirs pour la Seigneurie du Jasmin, Mélanie Paquette est sortie à l’extérieur en compagnie d’une quinzaine de résidents le jeudi 19 mars dernier, de 13h30 à 14h. Divisés en petits groupes de cinq personnes chacun pour l’occasion, ceux-ci ont pris une marche d’une trentaine de minutes au centre-ville de Saint-Georges, une situation que leur reprochent plusieurs.

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«Nous avons débuté notre promenade à trois endroits différents pour s’assurer de conserver une distance minimale d’un mètre entre nous tous. La règle était que personne ne s’arrête nulle part sur son chemin, ni pour prendre un café ou encore pour faire du magasinage, et elle a été super bien respectée», explique-t-elle.

Étant donné la pandémie de coronavirus qui sévit actuellement à travers la province et considérant les directives émises par le gouvernement à propos du confinement des aînés, cette activité n’est pas passée inaperçue, surtout lorsqu’une grande partie des marcheurs se sont rejoints vers la mi-parcours.

«Des gens sur notre passage nous ont fait des remarques à ce sujet, mais nous sommes demeurés polis en tout temps. Nous les avons laissé faire et avons poursuivi notre route. Un restaurateur du coin a quant à lui filmé les résidents qui étaient rendus très près les uns des autres sur le trottoir, certains ayant marché plus vite que le reste du groupe, avant d’insulter deux d’entre eux et de leur conseiller de ne pas sortir», ajoute la principale intéressée.

Des menaces par téléphone

À la suite de la mise en ligne de ladite vidéo sur la page Facebook de l’entrepreneur, ayant rapidement récolté quelques milliers de partages pour ensuite être retirée du réseau social le lendemain matin, la Seigneurie du Jasmin a également reçu des réprimandes par téléphone.

«Une dame disant faire partie de l’Ordre des infirmières du Québec a laissé un message sur notre boîte vocale aux alentours de 15h55 le même après-midi. En plus de nous blâmer de ne pas être capables de nous occuper de nos pensionnaires convenablement, elle a menacé d’envoyer une escouade sanitaire sur les lieux, de faire fermer notre établissement et de suspendre l’intervenante qui a accompagné nos occupants dehors», informe la directrice générale adjointe de l’endroit, Micheline Frenette.

Veiller au divertissement de tous

Déplorant les commentaires désobligeants reçus à son égard, Mme Paquette souhaite remettre les pendules à l’heure concernant les récents événements.

«Toutes nos activités telles que les fêtes d’anniversaires du mois, les spectacles de musiciens ou d’orchestres et le bingo avec nos bénévoles ont été annulées parce qu’on ne veut pas que les résidents se regroupent. J’ai donc simplement tenté de les divertir et de leur changer les idées dans le cadre de mon travail, comme on me l’a demandé», indique-t-elle.

Pour sa part, la directrice générale affirme prendre les réglementations gouvernementales au sérieux, sachant pertinemment que les aînés sont fragiles et vulnérables à la COVID-19.

«Après une semaine complète passée à l’intérieur, prendre une bonne bouffée d’air frais n’était pas un luxe. Étant situés sur la 1re Avenue, nous ne pouvons malheureusement pas marcher dans le bois. De plus, nos terrasses ne nous permettent pas beaucoup de déplacements», renchérit Mme Frenette.

Les recommandations des autorités

Lors de son point de presse quotidien du 19 mars 2020, soit la journée où la résidence pour aînés autonomes et semi-autonomes a été la cible de nombreuses critiques, le premier ministre François Legault a notamment tenu à rappeler les consignes que doivent présentement suivre les 70 ans et plus.

«Ce n’est pas le temps d’être dans les centres d’achats ni d’aller passer une heure au restaurant avec vos amis. J’ai le goût de reprendre la chanson de Jean-Pierre Ferland Envoye à maison. C’est là que vous devez être. Ça ne veut pas dire que vous ne pouvez pas aller prendre l’air, au contraire, puisque c’est bon pour la santé physique et pour le moral», a-t-il mentionné.

Rappelons aussi que le docteur Horacio Arruda, directeur national et sous-ministre adjoint à la direction générale de la santé publique, a de son côté invité les personnes âgées à ne pas se terrer à la maison sans rien faire afin d’éviter de déprimer.

«Vous voulez aller prendre une marche et vous avez 70 ou 75 ans? Vous allez la prendre dans votre cour mais vous ne vous organisez pas pour être cinq à vous donner rendez-vous et à vous rencontrer. Tant que vous êtes seuls, vous allez vous promener dans la forêt et ça va vous calmer», a suggéré ce dernier.