L’accessibilité aux soins psychosociaux est-elle menacée?

L’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) craint que le transfert d’une trentaine de professionnels des centres locaux de services communautaires (CLSC) en Chaudière-Appalaches vers les groupes de médecine de famille (GMF) mine l’accessibilité des soins psychosociaux. Des manifestations avaient lieu aujourd’hui à Saint-Georges et à Lac-Etchemin.

On craint notamment des impacts sur la clientèle nécessitant un soutien psychosocial, plus particulièrement les plus démunis et ceux sans médecin de famille. Or, 15 % de la population du territoire n’est pas inscrite à un GMF. «Couper dans ces centres, c’est encore une fois négliger les plus vulnérables. Et pourquoi? Pour répondre aux attentes des médecins! Nous ne l’acceptons pas», déplore Danielle Duguay, responsable de l’APTS dans la région.

«Si, en plus, les GMF redirigent ces clients vers les CLSC, ils devront attendre longtemps pour obtenir des services parce que ces établissements vont manquer cruellement de personnel à la suite de tous ces transferts», ajoute Mme Duguay.

Les propos allégués par le syndicat ont été toutefois démentis par le Centre intégré de santé et services sociaux de Chaudière-Appalaches (CISSS-CA). Le nouveau modèle implanté dans le secteur de Beauce-Etchemin n’est pas considéré comme un transfert de ressources, mais plutôt d’un affichage de sept nouveaux postes en travail social. «L’accessibilité sera donc maintenue autant pour la clientèle inscrite que non inscrite en GMF. C’est notre responsabilité en tant qu’établissement. Nous sommes préoccupés par l’accessibilité, ce sont des indicateurs que nous allons suivre de près dans la prochaine année. Nous allons faire les changements qui s’imposent au besoin», rassure cependant la directrice générale adjointe aux programmes généraux de santé physique, Marie-Claude Bélanger.

Un plateau d’argent aux médecins

L’APTS déplore que le Ministère privilégie les GMF, des entreprises privées, gérées pour et par les médecins, à même les fonds publics au détriment du CLSC. Même, le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a souvent mentionné que ce modèle créé en 1972 était un échec au Québec. «Dès le départ des CLSC, il n’y a pas eu de volonté politique pour que cela fonctionne. Très peu de médecins sont en CLSC aujourd’hui. Jamais, le Ministère n’a mis son pied à terre pour que les médecins aillent comme prévu dans les CLSC. Les médecins ont encore gagné… On leur sert nos ressources professionnelles sur un plateau d’argent. Est-ce que cela va entraîner une réduction de coût? J’en doute», critique Hélène Bilodeau, travailleuse sociale depuis près de 32 ans en CLSC.

Elle insiste pour dire que les services à la population se dégradent en CLSC depuis plusieurs années. «Avant, nous avions un accueil social et intégré qui fonctionnait bien. Cela a tout été démantelé. Il y a seulement les gens en crise aiguë qui pourront être rencontrés sans rendez-vous. Sinon, on leur donnera le téléphone pour faire le 8-1-1 pour parler à quelqu’un. Ça n’a pas de bon sens», s’exaspère Mme Bilodeau.