L’ALENA doit respecter la gestion de l’offre selon l’UPA

La renégociation des points à l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) a pris un autre ton le 16 octobre alors que Washington a réclamé la fin de la gestion de l’offre au Canada.

Les États-Unis voudraient que les tarifs et quotas soient éliminés d’ici dix ans. Ce système encadre les quotas et contrôle des prix dans les secteurs du lait, des œufs et de la volaille. Ceci garantit un revenu stable aux producteurs canadiens et empêche les exportations américaines à ce chapitre.

L’Union des producteurs agricoles (UPA) n’est pas surprise de la position des États-Unis.

«On sent que Donald Trump prône le protectionnisme. Les secteurs de l’automobile et l’aviation sont pris avec les mêmes problèmes. Nous avons l’impression qu’il demande des restrictions tellement grandes que si l’ALENA tombe, il dira que ce ne sera pas de la faute des États-Unis», déplore Paul Doyon, président de l’UPA Chaudière-Appalaches.

Celui-ci rappelle que l’agriculture aux États-Unis est hautement subventionnée dans tous ses secteurs d’activités. «En 2011, Washington a promis 90 milliards de dollars sur dix ans aux agriculteurs. Ça n’existe pas au Canada», rappelle Paul Doyon.

Il est soulagé de voir que tous les partis politiques à Ottawa sont en accord avec le maintien de la gestion de l’offre. «L’UPA croit à l’autosuffisance, mais aussi à des échanges de produits particuliers pour mieux nourrir la population. Les règles en environnement et hygiène sont également très différentes entre les deux pays», mentionne M. Doyon.

Non-négociable

Laurent Lessard, ministre québécois de l’agriculture, a dit aussi croire au fonctionnement de ce système économique. Il s’est rendu à Washington afin de défendre les intérêts des entreprises du secteur bioalimentaire québécois.

«La position du gouvernement du Québec a toujours été claire dans sa façon d’aborder les négociations d’accords de commerce internationaux. Il faut préserver notre capacité de maintenir le système de la gestion de l’offre. Ce système, qui a fait ses preuves, procure aux producteurs la stabilité de leurs revenus et un approvisionnement fiable aux consommateurs. La gestion de l’offre n’est pas négociable», confirme Laurent Lessard.

Maxime Bernier

Pendant la dernière course à la chefferie du Parti conservateur du Canada, Maxime Bernier a martelé qu’il mettrait fin à la gestion de l’offre en devenant chef et futur premier ministre. Il jugeait que le système était un cartel légal et que son élimination favoriserait la concurrence et ferait baisser les coûts des produits au profit des consommateurs canadiens.

La défaite du député de Beauce est principalement attribuable aux membres et candidats opposés à son idée. Il était le seul candidat conservateur à défendre cette position.

«Je pense toujours qu’il faudrait abolir la gestion de l’offre. Par contre, je n’ai pas réussi à rallier le parti à mon idée pendant la course. Je reste donc discret publiquement sur cette question pour le moment», dit-il.