Les barrages n’ont à peu près pas d’effet sur le niveau de la Chaudière
Contrairement à l’opinion véhiculée par certaines personnes en Beauce, les barrages en amont de la rivière Chaudière ont un impact minime sur le niveau de l’eau.
Une vieille rumeur a refait surface lors des inondations du 27 et 30 avril. Il existe un mythe autour de l’influence indue de l’ouverture des vannes du barrage Sartigan à Saint-Georges et du Barrage hydroélectrique de Lac-Mégantic. Actionner les robinets occasionnerait une montée drastique de l’eau de la rivière Chaudière en aval.
Le journal a vérifié cette information auprès du ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC). Le ministère n’a pas accordé d’entrevue sur le sujet, mais il a tout de même répondu à une série de questions par courriel.
Conditions normales à Lac-Mégantic
C’est la Direction générale des barrages (DGB) du MDDELCC qui exploite pour le compte du Gouvernement du Québec les deux barrages de la Chaudière.
Dans des conditions normales, les vannes du barrage Mégantic sont ajustées pour maintenir l’eau à 394,42 m par rapport au niveau de la mer. «Un débit minimum doit aussi être assuré en aval», précisent les relations médias du MDDELCC. Ce qui signifie que, si le barrage Mégantic ouvre, celui de Sartigan doit simultanément ouvrir ses vannes un brin aussi.
En cas de fortes précipitations à la source
En condition de crue, c’est une autre paire de manches. «La gestion des eaux du barrage de Lac-Mégantic vise à minimiser les inondations en aval tout en respectant la cote maximale d’exploitation de 395,69 m au lac Mégantic», explique le MDDELCC.
Les vannes sont donc progressivement rouvertes en fonction des apports en eau dans le bassin versant du lac Mégantic et de la proximité à la cote maximale. «Lorsque [l’apport en eau] est important, toutes les vannes sont ouvertes et le barrage n’a plus aucune influence. La hausse du débit de la rivière correspond ainsi aux conditions naturelles», a précisé le MDDELCC. À Mégantic, par année, les vannes sont ouvertes de 30 à 130 fois.
Saint-Georges : au fil de l’eau
Contrairement au barrage de Lac-Mégantic, qui dans son cas, retient l’eau dans le but de produire de l’électricité, le barrage Sartigan a été construit pour retenir les glaces et l’eau, mais il est au fil de l’eau. Ce qui signifie qu’il n’arrête pas l’écoulement. Il crée plutôt un goulot d’étranglement et il retient les glaces comme une passoire. Le débit de l’eau en aval reste le même, que les vannes soient ouvertes ou non. «En condition normale, les vannes du barrage sont fermées et l’eau s’écoule par les onze déversoirs fixes», souligne le MDDELCC.
Il y a 80 à 120 opérations d’ouverture des vannes à Saint-Georges par année.
Dans le cas d’une montée des eaux, les vannes du barrage Sartigan sont aussi ouvertes progressivement. Cela survient quand les stations hydrométriques en amont affichent un débit de 200 m3/s (023429) ou une hauteur d’eau de 174,78 mètres (023446), ainsi qu’un débit en hausse.
Un avertissement est-il nécessaire ?
«L’ouverture des vannes [au barrage Sartigan] ne modifie pas le débit de la rivière Chaudière. Lorsqu’on ouvre les vannes, une partie du débit qui était évacué par les déversoirs est «redirigé» vers les vannes de fond, mais le débit total demeure le même. Les ouvertures sont réalisées graduellement pour que le transfert de débit soit peu perceptible. Ainsi, il n’est pas requis d’aviser la population. Néanmoins, le MDDELCC produit chaque jour des prévisions de débits sur la rivière Chaudière. Celles-ci sont disponibles sur le site internet du ministère», précise le courriel transmis au journal.
Exemple du 30 avril
Les barrages, confirment les autorités, ont un impact minime sur la hauteur de la rivière Chaudière en aval. Au plus fort de la crue du lundi 30 avril dernier, le débit sortant du Barrage Sartigan était de 1200 m3/s alors que celui de Mégantic était de 140 m3/s.