Les hygiénistes dentaires du Québec accèdent à leur autonomie

L’Assemblée nationale a adopté le 24 septembre dernier un projet de Loi 29 qui sanctionne l’autonomie des hygiénistes dentaires de la province.

Les 6 500 hygiénistes dentaires se battent depuis plus de 40 ans afin d’être reconnus comme des professionnels de la santé capables d’effectuer des interventions buccodentaires sans l’assistance ou la supervision d’un dentiste.

« L’hygiéniste va maintenant pouvoir évaluer la condition buccale, détartrer les dents et les polir, appliquer un traitement au fluor, concevoir, fabriquer et vendre un protecteur buccal et pourra même avoir sa propre entreprise afin d’aller donner des soins préventifs en garderies et en résidences privées pour aînés, par exemple » explique Jean-François Lortie, président de l’Ordre des hygiénistes dentaires du Québec (OHDQ).

« C’est historique, j’attendais ça depuis 48 ans », s’exclame M. Lortie. Toutes les tentatives de modernisation de la Loi ont échoué depuis les années 1970. L’autonomie des hygiénistes dentaires est déjà reconnue ailleurs au Canada. Depuis plus de dix ans Ontario. Encore plus dans les autres provinces.

« L’hygiéniste dentaire est enfin reconnu pour son champ de pratique », poursuit M. Lortie. « Au Québec, des hygiénistes pourraient à terme s’ouvrir des cabinets d’hygiène dentaire » ou devenir des hygiénistes dentaires mobiles, comme c’est le cas en Ontario.

Un accueil favorable?

Sur la page Facebook de l’Ordre, les commentaires sont extrêmement favorables à l’adoption de la Loi 29. L’histoire est toute autre quand on tente de joindre des hygiénistes des cabinets de dentistes.

Le journal à appelé cinq cabinets dentaires de Saint-Georges et Sainte-Marie, les uns plus méfiants que les autres envers nous. Même le service des relations publiques de l’Ordre n’a pas pu nous recommander des hygiénistes dentaires de la région souhaitant nous parler.

Une hygiéniste d’une clinique de Saint-Lambert-de-Lauzon nous a presque raccroché la ligne au nez dès on lui a parlé de la Loi 29. Une autre, de Sainte-Marie, a préféré s’exprimer sous le couvert de l’anonymat. Mme Francoeur (nom fictif) n’a que faire de la Loi 29. « Ça ne change absolument rien pour moi. Je n’ai jamais été pour, en tant que tel. On n’aura jamais le droit de poser des diagnostics. Pour les jeunes, c’est quelque chose qui peut être bien. C’est un pas vers l’avant, oui ». Question salaire, Mme Francoeur n’a rien à gagner avec la Loi 29. « J’ai déjà 10 $/h over de mes collègues », dit-elle.

Vers une tarification à la baisse?

La Loi 29 donnera peut-être un avantage aux jeunes au moment de négocier leurs conditions de travail. « Ce qui est clair c’est qu’il faut départager l’organisation des services professionnels rendus et pour tout ce qui relève des conditions de travail » précise M. Lortie.

« Il sera éventuellement possible que les Québécois n’aient plus à payer deux professionnels systématiquement, le dentiste et l’hygiéniste dentaire. On veut permettre à plus de Québécois, aux familles, d’avoir accès à des rendez-vous de prévention qui sont plus accessibles donc moins cher ». L’Ordre ajoute que les Québécois sont ceux qui paient le plus cher pour leurs soins buccodentaires, et ce, parmi tous les Canadiens.

Les hygiénistes dentaires pourront à terme devenir des entrepreneurs à part entière et traiter des clientèles qui fréquentent moins souvent les cliniques dentaires affirme M. Lortie. « Les enfants, les clientèles défavorisées. C’est en amont qu’il faut intervenir. Il y a aussi des aînés à mobilité réduite, les gens en régions éloignées » conclut M. Lortie.

Le Projet de Loi 29 doit encore attendre la sanction royale du Lieutenant-gouverneur du Québec. Ce sera fait au cours des prochains jours ou semaines.