Les PME beauceronnes tardent à préparer leur relève

Bien que l’économie de la Beauce aille bien, le directeur général du Conseil économique de Beauce (CEB), Claude Morin, se montre inquiet de la faible proportion de transferts d’entreprises sur le territoire de Beauce-Sartigan.

Pourtant, le CEB sensibilise le milieu économique à ce sujet depuis 2003. «Cela fait 12 ans que nous en parlons, mais cela tarde encore. Notre constat, c’est qu’ils ne se préparent pas beaucoup de transferts et cela pour des raisons bien humaines», poursuit-il.

Plusieurs entrepreneurs ne voient pas l’urgence de vendre voulant profiter de la reprise de l’économie pour donner une plus-value à celle-ci avant de s’en départir. D’autres ont simplement du mal à laisser l’entreprise qu’ils ont façonnée à leur image. «Il y en a qui ne savent pas quoi faire de leur avenir. La relève, il faut que tu le prépares. Cela peut prendre un horizon de 5, 7 et même 10 ans pour certains», poursuit M. Morin.

Pendant ce temps, le coût de l’entreprise augmente, et la relève familiale ou managériale attend impatiemment son tour pour faire avancer la compagnie. «C’est malsain, tantôt nous allons nous retrouver dans une drôle de situation. Les chefs d’entreprises auront un certain âge et l’entreprise aura une valeur telle qu’il sera difficile de trouver un acheteur. Celui-ci ne sera peut-être pas local non plus», avance M. Morin.

Loin d’être bon pour les petits milieux

Après 35 ans dans le domaine socioéconomique, Claude Morin a vu des douzaines d’entreprises passer aux mains de gens de l’extérieur. «Dans nos petits milieux, bien souvent, ce n’est pas gagnant», affime-t-il.

Selon le directeur général, certaines de ces entreprises sont moins engagées dans le milieu via le bénévolat, les commandites ainsi qu’aux activités du CEB et d’ailleurs. «Il y en a qui sont demeurées impliquées, mais d’autres sont invisibles. Il y en a que je ne connais même pas, et c’est pour dire. Parfois, ce sont des gens de l’extérieur qui viennent diriger l’usine. La fin de semaine, ils repartent chez eux. Ce n’est pas bon pour une communauté», souligne M. Morin.

Fort heureusement, il y a tout de même des projets de relève dans la région. L’une des tendances est de voir des groupes d’actionnaires ou des équipes multidisciplinaires prendre possession d’une entreprise. Mais encore là, M. Morin, juge qu’il n’y a pas suffisamment de transferts réalisés sur le territoire de Beauce-Sartigan, l’une des régions les plus manufacturières au Québec.