Lorsque l’amour transcende la maladie

SANTÉ. Le 14 mai dernier, Léandre Maheu a renouvelé, après 48 ans de mariage, ses vœux avec son épouse, Francine Poulin, qui est atteinte de la démence corps de Lewy. Une cérémonie qui a démontré que l’amour transcende la maladie.

La cérémonie s’est tenue au CHSLD de Beauceville, à la fête des Mères. Pour M. Maheu, 48 ans de mariage est une denrée rare de nos jours, et pour lui, plus les années passent, plus elles prennent de la valeur. Voyant la santé de sa femme régresser, M. Maheu et sa famille ont décidé de devancer de deux ans le renouvellement de leur amour avant que Mme Poulin ne se souvienne plus de ses belles années auprès de son mari et de ses enfants.

« Ma femme me parlait souvent de notre 50e année de mariage, elle a toujours aimé les fêtes. [..] Pour moi, renouveler nos vœux est une sorte de continuité de notre vie de couple, c’est une façon de se remémorer nos souvenirs, de se renouveler la mémoire », raconte l’époux encore ému par cette journée inoubliable.

Francine Poulin est atteinte de la maladie corps de Lewy. Cette maladie dégénérative se caractérise par la présence de troubles cognitifs entrainant une perte de l’autonomie fonctionnelle. Les troubles neurocognitifs associés aux corps de Lewy peuvent se produire en même temps que la maladie d’Alzheimer ainsi que la maladie de Parkinson. Chez Mme Poulin, l’élément déclencheur a été la difficulté à marcher et à se lever. Elle a fait de multiples chutes. Aujourd’hui, elle ne marche plus.

« On sait dans notre tête ce que c’est la maladie, mais la vivre, c’est autre chose. Ma femme était à la fois une femme douce et avec du caractère. Elle parlait beaucoup et elle a soudainement cessé de parler, on se posait des questions sur sa condition. Maintenant, on sait où on va et comment traiter la maladie, mais la maladie amène son lot de surprises », mentionne M. Maheu.

Leur fille Johanne a voulu rendre hommage à sa mère, pour son courage et sa détermination à vouloir connaître la vérité sur sa condition de santé. Elle a passé une batterie d’examens, en 2022, pour tenter de comprendre ce qui lui arrivait. Lorsque le diagnostic est tombé, c’est elle qui a annoncé la dure nouvelle à sa fille. Cette dernière a cessé de travailler pour s’occuper de sa mère.

« À ce jour, ma mère a encore une bonne mémoire, elle se souvient des noms, elle pose des questions, elle a encore des intérêts, mais on ne sait pas d’une journée à l’autre ce qui peut arriver », souligne Johanne. Bien que la nouvelle réalité de sa mère la secoue encore, Johanne Maheu précise qu’elle grandit inérieurement et qu’elle a des deuils à faire entourant la maladie dégénérative de sa mère.

« Au-delà de la maladie de ma mère, il y a de la beauté. Je vis aussi des choses extraordinaires avec elle et j’apprends à apprécier la vie encore plus », dit l’étudiante en gérontologie. En organisant la cérémonie des vœux de ses parents, Mme Maheu voulait répandre que du bonheur et rassembler la famille autour de sa mère.

Le 28 mai dernier, Johanne Maheu a participé à la marche pour l’Alzheimer et elle a lancé un défi à la population, en partenariat avec Cardio Gym 24 Hrs, de faire 30 minutes de cardio entre 11 h et 16 h 30, afin de promouvoir la santé et les bonnes habitudes de vie. Elle a récolté plus de 200 $ et elle a égalisé ce montant en y mettant personnellement la même somme. Au total, elle a amassé près de 500 $ qui iront à la Société Alzheimer de Chaudière-Appalaches. Dans toute sa journée, Mme Maheu a parcouru l’équivalent de 20 km de marche. Comblée par cette journée, elle compte bien renouveler l’expérience l’année prochaine.