Manque flagrant de personnel dans le réseau de la santé : une infirmière dénonce

L’infirmière Linda Lavoie en a gros sur le cœur. Depuis les fusions pour devenir le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Chaudière-Appalaches, le personnel est épuisé et le manque de personnel est si important que cela met en danger les résidents.

Linda Lavoie est Assistante supérieure immédiate de nuit au Centre d’hébergement et de soins longue durée (CHSLD) de Beauceville. Normalement, le ratio de nuit est de 90 patients pour une infirmière. À Beauceville, il y a 107 résidents pour une seule infirmière. Linda Lavoie a rencontré le syndicat et les ressources humaines afin d’avoir une seconde infirmière de nuit. «Ce qu’ils m’ont répondu c’est: « Penses-y même pas ». La charge de travail est ainsi trop lourde», précise Mme Lavoie.

Une infirmière auxiliaire devrait également être présente en tout temps, mais ce n’est pas toujours le cas. «L’infirmière auxiliaire de soir a dû rester une partie de la nuit puisqu’il y en a une qui n’est pas rentrée. Elle est partie à 3h. Donc de 3h à 7h du matin, il n’y a personne, se désole Mme Lavoie. C’est la sécurité des résidents qui est compromise».

Du côté des préposés aux bénéficiaires, il devrait également y en avoir un par étage. Cependant, comme il en manque sur deux étages, les autres doivent courir pour pallier les tâches. «Quand il y en a qui ne rentrent pas, ce sont les bains qui écopent ou les culottes. Cette nuit, au lieu de faire deux tournées de culottes, on ne fait que faire les cas urgents et celles qui débordent. On a beaucoup de plaies de fesses», critique l’infirmière.

Selon elle, il devrait y avoir un préposé en tout temps dans les unités où il y a des cas de démence ou d’errance, ce qui n’est pas le cas.

Augmentation des risques

«Je fais ça [sortir dans les médias] pour la sécurité des résidents. La coordination des soins est bafouée, c’est invivable. Le personnel est écœuré. J’avais le gros salaire et j’ai lâché ça pour avoir moins de responsabilités. Je ne suis pas capable de donner des soins comme je le veux. On est hors norme tout le temps. Et là, ils veulent instaurer le sept-sept pour l’été. Donc on travaille sept quarts et on a sept quarts de congé, mais on n’a même pas de monde pour les remplacer. Je ne sais pas comment ils vont arriver», dit-elle.

Selon Mme Lavoie, les conditions actuelles au CHSLD de Beauceville la nuit causent des risques d’erreurs plus élevés. Les chutes sont également en augmentation, tout comme les erreurs dans les médicaments.

Puisqu’elle doit remplacer aux autres postes, Mme Lavoie n’a pas le temps d’effectuer ses tâches, dont l’évaluation de deux patients qui ont chuté dernièrement. Une autre chute est survenue lors de l’entrevue et il a fallu arrêter car il n’était pas question de laisser le patient par terre. Il fallait l’évaluer au plus vite et lui donner les soins appropriés.

C’est sans compter les nombreuses cloches qui sonnent sans arrêt étant donné que les patients demandent de l’aide. Par contre, puisqu’il n’y avait pas un préposé par étage lors de cette nuit du 10 au 11 mai, certaines demandes d’aide n’ont pu être répondues.