Paulin Bouchard produit maintenant des œufs «libres»

Entrepreneur de Saint-Gédéon, Paulin Bouchard s’est lancé dans la production d’œufs de poules élevées en liberté. Il suit ainsi le mouvement social où des consommateurs ne veulent plus manger des œufs pondus par des poules en cage.

Déjà propriétaire d’une ferme de 22 000 poules pondeuses en cage portant son nom, Paulin Bouchard a investi 2 M$ pour créer la ferme Gédés Oeufs. En activité depuis le 15 juin, c’est cette entreprise qui adopte le concept d’élevage libre avec ses 21 000 poules vivant dans une volière de 13 200 pieds carrés.

«Sur trois sections, les poules peuvent se promener au sol ou aller se percher sur les étages. Elles sont nourries avec de la moulée créée en partie avec nos propres cultures de maïs et soya», précise Paulin Bouchard.

Aux extrémités de la volière, la ponte des œufs se produit sous une lumière tamisée. Cachées par des toiles, les poules laissent tomber leurs œufs sur un tapis en pente relié à une courroie transportant les œufs jusqu’à un élévateur. Celui-ci pousse les œufs jusqu’à un système d’emballage où ils sont placés dans des alvéoles en plastique.

«Toute la volière est automatisée. Par exemple, on peut contrôler la lumière, la ventilation, la température, l’humidité et la distribution de la moulée. Des changements peuvent se faire sur place ou avec une application cellulaire», explique Paulin Bouchard.

Pré-élevage et hygiène

Comme Paulin Bouchard fait aussi l’élevage de poules, celles-ci grandissent d’abord en liberté dans une autre volière sur la ferme Paulin Bouchard inc. avant d’être transférées à la ferme Gédés Oeufs. «Une poule élevée en cage ne peut pas aller dans un système en liberté», dit-il.

Dans ces deux lieux, l’hygiène est au cœur des priorités. «Pour protéger les volières des contaminants extérieurs, les visiteurs doivent se désinfecter et enfiler des bottes et un sarrau dans une salle de biosécurité», ajoute M. Bouchard.

Modèle européen

Actuellement, la ferme Gédé Oeufs est sous contrat avec Hellmann’s et envoie tous ses œufs à la compagnie pour la conception de la mayonnaise. Dans ses ententes, Hellmann’s exige que les œufs fournis par les fermes proviennent de poules en liberté.

C’est en Europe que des premiers consommateurs se sont insurgés contre l’élevage des poules en cage. Selon eux, cela entravait les comportements naturels des poules en favorisant les blessures, le stress et la compétition entre oiseaux.

Tous les équipements de la volière de Gédé Oeufs ont d’ailleurs été commandés en Allemagne. La Fédération des producteurs d’oeufs du Québec (FPOQ), dont M. Bouchard est président, demande aussi que tous les producteurs procédant à des rénovations ou à la reconstruction de poulaillers utilisent une volière ou une autre solution «libre».

«Ça a été un gros investissement, mais on doit s’ajuster en fonction de l’offre et de la demande. Pour l’instant, j’utilise les deux systèmes (liberté et cage) parce que le consommateur doit encore avoir le choix d’acheter ce qu’il veut», estime Paulin Bouchard.