Pénurie de coiffeuses

ACTUALITÉ Le 31 janvier dernier, le salon de coiffure Jean, situé au Carrefour Saint-Georges, fermait ses portes. Deux coiffeuses sur une possibilité de six y travaillaient. Devant la difficulté de trouver des coiffeuses, le salon a décidé de mettre la clé dans la serrure. Une employée trouvait dommage de voir ce service disparaître du centre commercial beauceron.

Face à cette pénurie, L’Éclaireur Progrès s’est tourné vers la formation en coiffure – diplôme d’étude professionnel (DEP) – qui s’offre à l’école Pozer, à Saint-Georges, pour s’enquérir du taux de diplômation à chaque année. Shirley Veilleux enseigne dans ce programme depuis 22 ans. Elle en a vu des finissantes, mais aussi des étudiantes qui en cours de route ont réalisé que ce métier n’était pas leur voie.

Pour recevoir le diplôme, 1455 heures sont exigées, quatre jours d’enseignement intensif en alternance avec le travail en salon de coiffure le vendredi. La formation se donne le jour, sur une période de 13 mois. Les locaux permettent de revoir jusqu’à 24 élèves. Présentement, les élèves-coiffeuses ont, pour la majorité, déjà leur emploi avant même de terminer leurs cours.

 « Je reçois des offres d’emploi à chaque semaine, mais malheureusement on ne peut satisfaire à la demande », explique Mme Veilleux. « Peu avant la pandémie, on sentait qu’il y avait un manque de personnel. Plusieurs coiffeuses ont pris leur retraite et d’autres ont changé de domaine. Les coiffeuses qui quittent, ne peuvent pas toujours référer leur clientèle à une autre coiffeuse qui a déjà sa propre clientèle ».

Un métier sous-estimé

Dans les dernières années, Mme Veilleux a vu une baisse d’inscription à la formation. Selon elle, le métier est sous-estimé et elle croit que d’anciennes mentalités nuisent à la profession. « Certains pensent que la formation est une porte de sortie pour les élèves qui ne réussissent pas à l’école (…) ou encore ils pensent que les coiffeuses ne restent que derrière leur chaise pour laver, couper et sécher les cheveux. La profession offre beaucoup plus que ça », ajoute-t-elle.

Avant de se lancer dans l’application d’une permanente et d’une coloration, les étudiantes doivent notamment passer par les mathématiques.

« Il y a des étudiantes qui pensaient venir s’amuser, mais elles se sont ravisées. Si on parle du cuir chevelu par exemple, il faut passer par la biologie, la chimie et les mathématiques. Une personne qui subit une perte de cheveux soudaine, il faut savoir d’où ça vient, analyser le cuir chevelu, le type de cheveux et les cellules avant d’appliquer un produit », précise Mme Veilleux.

Amanda Landry, 35 ans, vient de la Gaspésie, elle s’est installée récemment à Saint-Georges. Elle avait mis de côté son désir de devenir coiffeuse à l’âge de 17 ans, car ses parents l’avaient dissuadée de s’inscrire puisqu’ils croyaient qu’elle ne ferait ni argent ni possibilité de se monter une clientèle.

« En région, ce n’est pas tout le monde qui a le luxe d’aller se faire coiffer. J’ai donc fait autre chose, mais mon côté artistique en coiffure revenait sans cesse, alors j’ai décidé de m’inscrire au programme pour vivre de ma passion », raconte Mme Landry.

La coiffure est pour ainsi dire un art. Elle est à la remorque de la mode et les coiffeuses doivent savoir appliquer la coiffure d’une tête à une autre. Le plus grand stress pour Mme Landy, c’est la comparaison.

« Couper les cheveux est très technique. On pense que c’est facile, mais on doit connaître tous les angles de la coupe. Il faut étudier, si on n’a pas de connaissance ni de la pratique, on ne pourra pas reproduire la coupe sur la photo de la cliente ni répondre à sa satisfaction », explique Mme Landry.

L’enseignante, Shirley Veilleux conclut que le métier dans la coiffure est payant pour toutes les coiffeuses qui se donnent à fond et qui vont chercher de l’expérience, comme dans tout bon métier.