Pertes assurées et opportunités possibles selon l’UPA

Paul Doyon, président de l’UPA Chaudière-Appalaches, a des sentiments divisés sur les éléments inclus dans l’Accord économique et commercial global (AECG) signé le 30 octobre entre le Canada et l’Union européenne.

L’AECG prévoit que 17 000 tonnes de fromages européens supplémentaires pourront être exportées chaque année au Canada. L’Europe occuperait ainsi 7,5 % du marché canadien, une situation qui déplait aux producteurs laitiers.

«Pour faire une comparaison, le fromage qui va entrer au Canada en surplus, ça équivaut à la production des 300 fermes laitières qui existent au Saguenay-Lac Saint-Jean», d’expliquer Paul Doyon.

L’UPA a toujours prôné le maintien de la gestion de l’offre au niveau laitier, car elle croit que la production canadienne  est autosuffisante pour nourrir sa population.

Paul Doyon espère qu’Ottawa respectera sa promesse d’offrir des compensations aux producteurs laitiers afin d’absorber ce choc économique.

«Ça avait été dit sous le gouvernement Harper, mais les libéraux sont maintenant au pouvoir. On va faire un suivi serré et continuer de mettre de la pression», dit-il.

Selon lui, un changement de mentalité politique est nécessaire en regard au soutien agricole.

«Aux États-Unis et en Europe, on subventionne les agriculteurs parce qu’on sait que ça fait tourner l’économie dans les régions. Ici, il existe seulement des programmes occasionnels de sécurité du revenu. On voit l’agriculture comme une dépense au lieu d’un investissement», se désole-t-il.

Autres productions

Sur une note plus positive, Paul Doyon estime que l’entente sera profitable pour les producteurs de porc. Les éleveurs canadiens pourront exporter jusqu’à 13 fois plus de produits porcins, soit 75 000 tonnes.

«Environ 70 % de ce qu’on produit en porc au Canada va déjà à l’exportation sur divers marchés mondiaux. En Europe, certains pays ont ou veulent mettre des restrictions sur les normes d’élevage, ce qui pourrait être désavantageux pour nous», précise M. Doyon.

Des opportunités pourraient aussi naître chez les producteurs de blé et de maïs où les exportations seront bonifiées à 100 000 et 8000 tonnes. Cependant, cet accord économique ne chamboulerait pas grandement la production acéricole canadienne qui est principalement concentrée au Québec.

«C’est intéressant que le tarif de douane soit réduit de 8 %, mais on exportait déjà une grande quantité de sirop d’érable vers l’Europe et ça se continuera», confirme Paul Doyon.

Au niveau du bœuf, l’accord prévoit des exportations maximales de 46 000 tonnes, soit 11 fois plus qu’actuellement.

«L’impact pour le bœuf ne touchera pas vraiment le Québec, car les abattoirs de transformation qui font les exportations sont situés principalement en Ontario et dans l’ouest canadien», rappelle M. Doyon.