Quand celui qui aide a besoin d’un coup de main

NDLR – Dans le cadre de la Semaine nationale des proches aidants, du 6 au 12 novembre, Joe-Marie Pépin de La Guadeloupe, Jocelyne Thibodeau de Saint-Martin et Adrienne Routhier Côté de Saint-Georges, ont accepté de partager leur vécu de proches aidants. Chaque jour, ils aident de différentes façons une personne qui leur est chère. Bien souvent, les proches aidants ne se reconnaissent pas en tant que tel, ne sont pas reconnus et s’épuisent.

Jocelyne Thibodeau s’occupe de deux personnes dans sa famille éloignée. Un est schizophrène et l’autre a subi un traumatisme craniocérébral. Dans son cas, elle ne s’occupe pas de ces êtres chers 24 heures sur 24 comme Mme Routhier Côté et comme l’a fait par le passé M. Pépin. Elle est cependant toujours au bout du fil et se rend chez les deux personnes pratiquement tous les jours. Dans son cas, ce qu’elle fait le plus c’est de les aider à gérer leurs affaires, les habiller, faire le ménage et la cuisine. Des deux côtés, les démarches administratives étaient complexes et un des deux qui a malheureusement touché à l’itinérance, n’avait même pas de compte de banque. «C’était comme un enfant. Il a fallu lui apprendre à entrer dans le système», explique-t-elle.

Jocelyne Thibodeau trouve dommage que les gens ne connaissent pas ce que c’est que de recevoir de l’aide sans condition. Elle ajoute que les gens doivent tout d’abord accepter de se faire aider.

Adrienne Routhier Côté vit depuis 61 ans avec son mari, Louis, aujourd’hui atteint d’Alzheimer. De son côté, devenir proche aidante est venue tout naturellement. «Il a de petits besoins et ça devient de plus en plus exigeant au point où on s’oublie soi-même», explique celle qui s’occupe maintenant de son mari 24 heures sur 24. «Il faut savoir où aller chercher de l’aide et ne pas se gêner», mentionne-t-elle. Lorsque madame Routhier Côté a envie de se changer les idées et d’obtenir une dose d’énergie, elle va jouer aux quilles avec des amis qui la comprennent. Depuis un an, le couple a déménagé au Manoir du Quartier où ils reçoivent plusieurs services. Malgré tout, Mme Routhier Côté utilise tout de même les services offerts par l’Association bénévole Beauce-Sartigan qui offre, entre autres, du répit aux proches aidants. Louis est donc en sécurité avec un bénévole quand elle n’est pas là. «Quand tu es proche aidant, il faut que tu te donnes des limites», explique celle qui a suivi tous les ateliers sur l’Alzheimer et qui a comme devise de vivre le moment présent. «Je vis au jour le jour. J’ai tellement vécu de belles choses avec lui que ça m’aide à accepter la situation», estime-t-elle.

Joe-Marie Pépin, ancien maire de La Guadeloupe, a vécu tous les stades de la maladie de l’Alzheimer. Il y a un an et demi, il a cependant dû placer sa femme. Elle vit maintenant au CHSLD de Saint-Georges Ouest. Aujourd’hui, elle n’est plus capable de manger seule et parfois, elle ne le reconnaît plus. Aussi longtemps qu’il a pu s’occuper d’elle, il a refusé de placer sa femme. Il s’est même chicané avec ses enfants à ce sujet. Il trouve ça difficile c’est certain, et est resté un proche aidant. Il va la voir régulièrement, mais elle n’a plus connaissance de certaines choses, comme du baptême de son arrière-petit-fils.

Présentement, il est dans les démarches administratives pour obtenir un mandat d’inaptitude et vendre la maison. «J’ai connu toutes les étapes de la maladie et de l’évolution, au moins cinq à six ans, explique-t-il. Ça met à terre. Je suis tombé malade au printemps et c’est pour ça que je veux vendre la maison». Dans son cas, il souhaite que les services offerts par l’ABBS soient plus connus. «Il y a beaucoup de monde malade, mais peu d’aidants utilisent les services», ajoute-t-il.

Qu’est-ce qu’un proche aidant?

La différence entre un proche aidant et un bénévole est simple. C’est le sentiment d’attachement entre les deux personnes qui fait que quelqu’un devient proche aidant ou aidant naturel.

Sous-financé

Près de 20 % de la population du Québec, âgées de 15 ans et plus, sont proches aidants. Cela représente un peu plus de 1,2 million de personnes. Selon Suzie Bisson de l’Association bénévole Beauce-Sartigan (ABBS), les proches aidants sont une manne pour le gouvernement du Québec. C’est pourquoi plusieurs organismes membres du Regroupement des aidants naturels du Québec (RANQ) demandent au gouvernement de reconnaître la contribution des proches aidants en investissant massivement dans les services pour les soutenir.

Services en Beauce

L’ABBS (territoire de la MRC Beauce-Sartigan) offre pour les proches aidants des rencontres individuelles, du service d’accompagnement en fonction des différents besoins de chacun, du soutien psychologique avec un psychologue, du répit, des groupes de soutien, comme celui dont font partie Mme Thibodeau, Mme Routhier Côté et M. Pépin, ainsi que des formations et conférences. Dans la MRC Robert-Cliche, le Centre d’action bénévole Beauce-Etchemin (CABBE) offre des services aux proches aidants alors que dans la Nouvelle-Beauce, l’organisme Lien-Partage de Sainte-Marie a la même mission.