Quel avenir pour le complexe Saint-Louis à Saint-Gédéon

SOCIÉTÉ. Sophie Quirion, une candidate à la maîtrise en histoire de l’art à l’Université du Québec à Montréal originaire de Saint-Georges, a fait parvenir à plusieurs médias une longue lettre ouverte dans laquelle elle s’inquiète de l’avenir de l’ancien couvent des Sœurs de la Charité de Saint-Louis, aujourd’hui le Complexe Saint-Louis, à Saint-Gédéon.

L’étudiante, qui a réalisé un travail universitaire en patrimoine sur le couvent l’hiver dernier, révèle qu’en décembre 2022, la municipalité a annoncé à ses citoyens la mise en vente du bâtiment, une information qu’a confirmée le maire de Saint-Gédéon, Alain Quirion. Celui-ci n’a cependant pas donné plus de détails lorsque joint au téléphone vendredi.

Le sujet de la sauvegarde de l’ancien couvent touche particulièrement les citoyens. « Ses coûts importants en font douter plusieurs alors que son offre de service a de quoi rendre jaloux les villages voisins. En effet, quel autre village de la Beauce a en sa possession un couvent de quatre étages qui permet d’y loger de multiples organismes communautaires essentiels à une population vieillissante et nouvellement immigrante », lance-t-elle.

La municipalité s’était portée acquéreuse du couvent en 2013 pour un montant de 550 000 $. Elle y avait alors déménagé ses bureaux et le CLSC. Depuis, d’autres services s’y sont ajoutés, dont une bibliothèque municipale, un centre culturel, ainsi que plusieurs organismes.

« Alors que les citoyens de la municipalité ont accès à même le couvent à une multitude de services […] on leur annonce que ces efforts seront jetés à la rivière Chaudière, emportés soudainement telle la débâcle au printemps, et que peu de solutions de relocalisation semblent possibles, du moins pour les organismes », écrit Mme Quirion, soulignant que les taxes municipales ont augmenté plusieurs fois pour payer l’entretien du couvent.

Un bâtiment patrimonial ?

Celle-ci croit que le problème entourant sa sauvegarde se situe au niveau de la municipalité. Elle s’explique mal que l’ancien couvent ne possède aucun statut administratif lui permettant de faire partie de Répertoire du patrimoine culturel du Québec ou du Répertoire canadien des lieux patrimoniaux malgré ses « valeurs d’âge, d’architecture, d’histoire et d’usage [qui] lui promettent un bon dossier de candidature », selon elle.

La Beauceronne rappelle que les municipalités et les MRC disposent de pouvoirs au niveau patrimonial qui peuvent leur permettre de protéger et de demander du financement pour leur patrimoine bâti. « [Saint-Gédéon] répond que cette absence de statut est due à un manque d’outils tandis que du côté de la MRC Beauce-Sartigan, on semble relancer la balle dans l’autre camp pour éviter de s’en tenir responsable », note Mme Quirion.

« Le patrimoine fait réagir, questionner, débattre, mais surtout il fait réfléchir à notre appartenance culturelle et à notre histoire. Bien plus qu’un simple bâtiment, l’ancien couvent est devenu un symbole d’une lutte patrimoniale à bout de souffle contre les propriétaires qui ont toujours le dernier mot, qui malheureusement s’avère trop souvent être celui de la destruction ou de la vente », poursuit-elle.

L’étudiante se questionne sur l’absence de consultations publiques qui auraient permis de débattre de l’avenir de l’ancien couvent, payé en grande partie avec les taxes des résidents. Elle encourage également les citoyens à faire valoir leur amour pour leurs racines. Sophie Quirion termine sa lettre en demandant au ministre de la Culture et des Communications, Mathieu Lacombe, « d’utiliser son pouvoir de décret pour sauver une part importante du patrimoine beauceron qu’est l’ancien couvent de Saint-Gédéon ».