Racisme et discrimination à l’embauche : elle dénonce un « traitement inhumain »

Une résidente de ­Notre-Dame-­des-Pins, ­Leila ­Gaëlle, a été victime d’un comportement raciste en 2018. Encore affectée par cet événement, elle tenait à partager son histoire pour éviter que la situation se reproduise.

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Mme ­Gaëlle avait postulé pour un poste en comptabilité dans une entreprise de la région qui faisait affaire avec l’agence de recrutement ­Ancia, située à ­Lévis.

Elle s’est rendue sur place à la fin du mois de janvier pour passer un test de présélection. Selon ses dires, elle devait recevoir les résultats la journée même. N’ayant toujours pas reçu ses résultats le lendemain, elle a téléphoné à l’agence. On lui répond par courriel que sa candidature n’est pas retenue et qu’elle ne pourra recevoir ses résultats, car il y avait beaucoup de candidatures.

« ­Sur le coup, j’étais déçue et surprise. Je misais beaucoup sur cet emploi. Je leur réponds qu’on m’avait pourtant dit que je les recevrais dans la journée, mais je n’ai pas eu de réponse ensuite », ­décrit-elle.

Un traitement inhumain

Le 17 mai 2018, elle décide de retourner voir son dossier pour le mettre à jour et vérifier s’il n’y avait pas d’autres offres d’emploi. C’est à ce moment qu’elle voit alors une note inscrite à son dossier indiquant de ne pas présenter sa candidature à l’entreprise, car « elle sent mauvais ou elle a une forte odeur. »

« ­Je suis restée figée. J’ai paniqué et j’ai commencé à pleurer. J’ai directement appelé l’agence. J’étais tout en pleurs quand la personne a répondu », se ­souvient-elle.

Michel ­Rouleau, l’un responsable de l’agence de placement, l’a rappelé dans la journée, mais elle a manqué son appel. Il lui a aussi écrit un courriel, qualifiant la situation d’inacceptable et présentant ses excuses pour ce qui est arrivé.

Mme Gaëlle n’a répondu à cet envoi que trois ans plus tard. Elle explique avoir décidé de briser son silence et de dénoncer ce « traitement inhumain » qui lui a fait perdre l’estime d’­elle-même. « ­Je me suis sentie jugée de la pire des manières. […] ­Comment ­peut-on tenir ce genre de propos sur son semblable », ­a-t-elle écrit.

Réponse de la firme de recrutement

Joint au téléphone, M. Rouleau, qui est aujourd’hui propriétaire d’Ancia, n’a pas cherché à minimiser l’événement. « ­La personne qui a fait ça [écrire la note dans le dossier de ­Mme ­Gaëlle] a été congédiée pour manquement grave. Ce type de comportement est totalement inacceptable », ­affirme-t-il, précisant qu’il a parlé au téléphone avec ­Mme ­Gaëlle, lui demandant, entre autres, s’il pouvait l’aider d’une façon ou d’une autre.

M. Rouleau ajoute que des protocoles de prévention existaient déjà avant l’événement, « mais la personne ne les avait pas respectés », ­soutient-il.

Ce dernier indique également que depuis, les politiques de l’entreprise sont rappelées régulièrement aux employés et que des vérifications aléatoires sont faites dans les dossiers des chercheurs d’emploi pour éviter une situation semblable.