Roger Lessard et son groupe font pression sur le gouvernement

Roger Lessard de Thetford Mines profite du battage médiatique entourant l’affaire de pédophilie du cinéaste québécois Claude Jutra pour réclamer une fois de plus l’abolition du délai de prescription. Celui, qui mène bataille aux côtés de victimes d’actes sexuels de la Beauce et des Appalaches, se bute au gouvernement libéral qui fait la sourde oreille dans ce dossier.

«Le délai de prescription est une honte dans notre système de justice. Il représente un cauchemar pour les victimes qui ont été agressées par des pédophiles. Il faut interpeller le gouvernement afin de régler ce dossier qui traîne sur le bureau des ministres de la Justice depuis des années. Ils doivent l’abolir comme toutes les autres provinces canadiennes», réclame M. Lessard. La Nouvelle-Écosse est la dernière à avoir emboîté le pas.

Inaction de la ministre

Cet ancien directeur d’école accompagne des victimes de sévices sexuels depuis maintenant cinq ans dans leur lutte afin d’abolir le délai de prescription. Au cours de la dernière année, l’existence de celui-ci a aussi été décriée par de nombreux juristes et des organismes tels que Criphase, le Conseil du Statut de la Femme et l’Association des victimes de prêtres. M. Lessard a eu la chance de plaider cette cause en compagnie de plusieurs victimes devant la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, le 29 novembre dernier, mais en vain.

Plusieurs autres victimes ont aussi fait parvenir des demandes par écrit à la ministre Vallée, mais n’ont toujours pas reçu d’accusé de réception. C’est le cas notamment de Gaétan Bégin, originaire de Saint-Ludger, qui ne perd pas espoir. «Je suis toujours confiant de dire que le délai de prescription va sauter avant longtemps au Québec. Ils n’auront pas le choix», croit M. Bégin ayant brisé le silence sur les sévices sexuels que lui auraient infligés l’abbé Rosaire Giguère ainsi qu’à ses frères il y a près de 60 ans.

Devant ce manque d’écoute et de considération du gouvernement libéral, M. Lessard a écrit au premier ministre Philippe Couillard à deux reprises au cours des derniers jours. «Abuser sexuellement un enfant est un crime odieux. Maintenir une loi qui protège les agresseurs est invraisemblable, inadmissible et injuste. Cette loi archaïque qui empêche les victimes de demander réparation est une honte pour notre province. S’il vous plaît, par respect pour les victimes qui ont eu le courage de sortir de l’ombre, agissez et répondez-nous», a conclu M. Lessard dans sa lettre au premier ministre Couillard.