Sans médecin de famille 11 mois après un arrêt cardiaque

Une ancienne infirmière, Carole Dionne, qui a emménagé dans la région avec son mari en juin 2017, déplore le fait qu’ils n’ont toujours pas accès à un médecin de famille, bien que son conjoint ait été hospitalisé pour un arrêt cardiaque en juillet 2017.

«Ça n’a pas de sens. C’est inacceptable», affirme Mme Dionne, qui a multiplié les démarches pour connaître les raisons de ce délai. «On a fini par me dire qu’il n’y avait pas de médecins inscrits au Guichet d’accès aux médecins de famille (GAMF) dans la région. C’était la première fois que j’entendais ça. On doit s’inscrire pour avoir un médecin de famille, mais il n’y en a aucun qui prend en charge des patients. On doit absolument connaître un médecin pour être pris en charge», ajoute celle qui a travaillé dans le domaine de la santé pendant 25 ans.

De son côté, le Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches (CISSS-CA). «Les médecins n’ont pas à s’inscrire. Ils informent directement le GAMF quand ils veulent plus de patients», indique la porte-parole du CISSS-CA, Mireille Gaudreau.

Mme Dionne souligne également l’importance du rôle que joue le médecin de famille. «C’est lui qui fait le lien entre le patient et les médecins spécialistes, qui s’occupe de faire un suivi. On dirait qu’il y a un manque de proactivité. Personne ne semble pouvoir faire changer les choses. Les gens devront faire des plaintes pour que les choses changent», affirme-t-elle.

Rappelons qu’en 2015, le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, avait fixé un objectif de 85 % de prise en charge d’ici la fin de l’année 2017. Ce taux est d’environ 80 % au moment d’écrire ces lignes.

«Les médecins en Beauce ont une grande prise en charge et un grand taux d’assiduité. Ils offrent une grande disponibilité à leurs patients», poursuit Mme Gaudreau, précisant que le taux de la population ayant accès à un médecin de famille est de 93,57 % en Beauce et tout près de 90 % pour l’ensemble de Chaudière-Appalaches. «Ce sont des chiffres enviables. Bien entendu, l’objectif est que tout le monde ait un médecin.»

La Protectrice du citoyens demande des améliorations

De plus, la porte-parole du CISSS-CA mentionne qu’un système de priorisation est en place au sein du GAMF pour prendre en charge les personnes dont l’état de santé est plus précaire.

Cependant, ce système de priorisation est critiqué. À la suite de nombreuses plaintes provenant de la population, la Protectrice du citoyen, Marie Rinfret, a publié un rapport d’enquête afin «d’améliorer le processus d’inscription auprès d’un médecin de famille».

Celle-ci estime que le formulaire servant à établir la cote de priorité des patients ne reflète pas assez l’état de santé de ceux-ci. Elle écrit que selon l’avis de 20 des 24 coordonnateurs administratifs des Guichets d’accès pour la clientèle orpheline, les problèmes de santé énumérés au formulaire ne sont pas assez précis.

Le seul moyen pour pallier cette situation est de demander une évaluation clinique par l’infirmier du GACO. De plus, trois des 24 GACO n’offrent pas cette possibilité.

Mme Rinfret demande donc que «les moyens nécessaires [soient pris] pour que la priorisation des personnes enregistrées au GAMF reflète fidèlement leur état de santé». Sept autres recommandations ont été faites par la Protectrice du citoyen qui accorde jusqu’au 30 septembre pour corriger la situation.