Sirop d’érable: la réserve à son plus bas

ACÉRICULTURE. Le niveau de la réserve stratégique de sirop d’érable est très bas. En date du 15 février, elle se situait sommairement à 37 millions de livres, soit seulement 37 % des 104 millions de livres qu’elle contenait l’an -dernier à pareille date. Deux facteurs expliqueraient cette situation, soit la faible récolte du printemps 2021 et la hausse des ventes au cours de la dernière année.

Cette situation n’est toutefois pas nouvelle. En 2009, la réserve stratégique avait été pour ainsi dire épuisée en raison de deux années consécutives avec de faibles productions. Agente de promotion et de communication pour les Producteurs et productrices acéricoles du Québec, Geneviève Martineau explique que les ventes de sirop québécois ont connu une croissance de près de 20 % cette année, un gain qui s’ajoute à la hausse de 20 % l’an dernier.

« On parle de 20 % d’augmentation des ventes, mais il faut faire attention. Il y a peut-être des acheteurs américains qui ont stocké du sirop. Est-ce qu’ils achèteront autant l’an prochain, on verra. Est-ce que leur production sera à la hauteur, c’est aussi à prendre en considération. La bonne nouvelle, c’est que les producteurs qui avaient du sirop d’entreposé ont pu être payés, car ce sont eux qui soutiennent la réserve », explique-t-elle.

Autre précision, le sirop produit en 2021 a été entièrement vendu, ce qui a forcé la fédération à piger dans ses réserves pour répondre à la demande, ajoute Mme Martineau. « Au 28 février dernier, la réserve atteignait sommairement 104 millions de livres. À l’heure actuelle, il ne reste que 37 millions de livres et des engagements sont signés pour le mois de mars, pour environ 12 à 15 millions de livres, ce qui fait qu’il ne restera qu’une vingtaine de millions de livres, une fois l’année financière terminée. »

D’ailleurs, la fédération écoule toujours la production la plus récente avant d’avoir recours à ses réserves, lorsque vient le temps d’alimenter ses acheteurs, ajoute-t-elle. « Le sirop entreposé est pasteurisé et scellé. C’est plus simple pour les acheteurs et c’est moins de manutention de vendre la plus récente production. On entrepose du sirop uniquement lorsque les ventes sont inférieures à celle de la saison qui vient de se terminer. C’est comme ça qu’on se montre une réserve. »

Ajout d’entailles, nouveaux acériculteurs et planification de la construction d’espace d’entreposage supplémentaire pour mettre le sirop d’érable en réserve, font partie de la stratégie cette année. « Nous avons ajouté des entailles cette année, alors plus de producteurs. La réserve n’était pas aussi élevée en 2009 non plus. Le travail sera maintenant de recréer une réserve. Nous n’avions pas donné de nouvelles entailles depuis 2016. Avec 7 millions cette année, ça devrait permettre de renflouer la réserve, si la saison est bonne. On devrait se retrouver à environ 54 000 entailles au total, car ce n’est pas tous ceux qui ont reçu du contingent qui seront en production. »

Entretemps, les producteurs sont sur la ligne de départ, en attente du début de la saison 2022. Pour le moment, on ne prévoit pas de récolte avant encore quelques jours. « L’an dernier, il avait fait froid aussi à la relâche. Quand on regarde à plus long terme, on ne voit pas de température propice avant au moins deux semaines, on verra bien. »