Situation du bois-d’œuvre : une bataille loin d’être gagnée d’avance

Pour la cinquième fois en trois décennies, le Canada et les États-Unis sont en conflit ouvert sur le bois d’œuvre. «La situation est menaçante, mais il faut agir», a lancé Jean-Claude Lauzon, délégué du Québec à New York lors de son passage à Saint-Georges le 30 novembre dernier.

M. Lauzon accompagnera Raymond Chrétien, négociateur embauché par le gouvernement du Québec, afin de faire valoir la position et les intérêts québécois dans le conflit du bois d’œuvre. «Nous allons rencontrer une série de gens à Washington pour faire valoir l’importance de cette industrie au Québec. C’est plus de 60 000 emplois qui sont liés à cela», commente Jean-Claude Lauzon

«Il y a beaucoup de gens qui critiquent le Canada et le Québec à tort ou à raison que nous subventionnons tout et qu’il s’agit d’une concurrence déloyale. Ce n’est pas le cas. Nos forêts sont extrêmement bien gérées au Québec et elles ne sont pas subventionnées. Ce mythe, nous allons essayer de le défaire. Cela va être un travail extrêmement ardu. Les Américains sont anxieux vis-à-vis cette question-là. C’est loin d’être gagné d’avance», poursuit le délégué du Québec à New York.

Le milieu sociopolitique inquiet

Partout au Québec, les gens ont démontré leurs inquiétudes au sujet de cette situation du bois d’oeuvre. «Nous sommes préoccupés avec le changement de garde aux États-Unis et quelle tangente va prendre ce conflit-là. Nous avons bon espoir qu’ils vont arriver à une entente. Nous espérons que la bataille ne durera pas trop longtemps devant les tribunaux», a mentionné le président de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) et maire de Sherbrooke, Bernard Sévigny, qui lui aussi était présent en Beauce cette semaine.

Au Conseil économique de Beauce (CEB), le commissaire industriel, Bastien Lapierre, souligne que l’inquiétude des entrepreneurs se situe notamment à l’application d’une surtaxe d’ici deux mois, et ce, le temps que dureront les négociations. «Nos entreprises savent, si elles sont mal prises, que le gouvernement sera là pour les aider…, mais la prochaine entente devra être meilleure que la précédente. La dernière fois, les Américains ont retourné un milliard de moins à nos entreprises qui avaient été taxées», déclare M. Lapierre.

«Pour le moment, nos entreprises n’ont pas été touchées. Au contraire, présentement, la business est bonne. Il se brasse plus d’affaires que d’habitude peut-être en prévision du conflit», relate M. Lapierre qui insiste que des mécanismes devront être en place pour soutenir les entreprises en cas de remboursement partiel de la surtaxe.

D’après des données du CEB, les industries du secteur du bois et meubles emploient 4350 personnes et représentent l’équivalent de 25,9 % des emplois manufacturiers de la Beauce.

Le monde communautaire est aussi apeuré du fait que des emplois du secteur pourraient être en jeu avec ce conflit. «C’est le plus inquiétant avec le bois d’œuvre», a confié Nicole Jacques, directrice de la banque alimentaire, Moisson Beauce. Cette dernière rappelle que son organisme a peiné cette année à répondre à la demande pour la confection de ses paniers de Noël distribués aux familles dans le besoin.