« Échapper » des enfants est inconcevable chez les orthophonistes

La pandémie a amené son lot de défis chez plusieurs enfants. Suivre le calendrier des apprentissages scolaires peut être difficile, surtout pour les jeunes nécessitant des soins orthophoniques.

S’intéressant à la rééducation du langage oral et écrit, l’orthophoniste traite des situations comme la dyslexie (lecture/orthographe), la dyscalculie (mathématiques), la dysphonie (problèmes de voix) et d’autres problèmes de communication (autisme, déficience auditive, trouble de la communication sociale, bégaiement, etc.).

« Dans 80 % des cas, les jeunes avec des difficultés d’apprentissage ont des problèmes de langage. En temps normal, les rencontres se déroulent en personne une fois par semaine. On fournit des outils aux parents, enseignants et éducateurs en services en garde pour que l’enfant continue sa progression », explique Anne-Marie Arguin, de la Clinique d’orthophonie de la Beauce.

La COVID-19 a chamboulé conjointement le milieu médical et celui de l’éducation. Certains orthophonistes, comme Anne-Marie Arguin, ont suivi des formations afin de donner des séances virtuelles.

La COVID-19 a chamboulé conjointement le milieu médical et celui de l’éducation.

« Je mise sur le jeu pour aider les enfants à mieux communiquer. Les parents doivent s’impliquer davantage, en préparant des jouets et jeux pour leurs enfants à la maison. J’utilise également des jeux web interactifs et présentations sur PowerPoint. Entre orthophonistes, on partage souvent nos bons coups. C’est une belle communauté », dit Mme Arguin.

Masque à fenêtre

Dans la dernière année, des orthophonistes ont recommencé à donner des services en présentiel. Dans ces rencontres, l’orthophoniste utilise le masque à fenêtre transparente. Cette fenêtre dévoile la bouche, sans transmettre des gouttelettes vers la personne en face de soi.

« C’est essentiel que le patient voie nos expressions faciales. La bouche et les yeux dévoilent nos émotions et expressions, ce qui aide au développement des comportements et habiletés. Le gros problème, c’est que les enseignants et éducateurs doivent encore porter le masque chirurgical », précise Anne-Marie-Arguin.

L’application des notions orthophoniques à l’école, au service de garde, et même à la maison, devient caduque. En ajoutant les changements du milieu scolaire, le stress en famille et l’éloignement des amis, beaucoup de jeunes ne suivent plus la cadence.

Certains orthophonistes, comme Anne-Marie Arguin, ont suivi des formations afin de donner des séances virtuelles.

« On sait déjà que trop d’enfants devront redoubler leur année. En juin, ce sera une catastrophe annoncée. Les listes d’attente, pour voir un orthophoniste, ont explosé dans certaines régions. Le retard à rattraper sera considérable. J’ai peur qu’on échappe certains jeunes », avoue Mme Arguin.

Le lundi 1er février, plus de 200 spécialistes de la petite enfance ont publié une lettre ouverte dans les médias. Ils demandent au gouvernement provincial de fournir rapidement des masques à fenêtre transparente aux intervenants des services de garde.

« Le gouvernement devra aussi fournir des ressources humaines supplémentaires en orthophonie. Sans cela, le retard accumulé sera impossible à rattraper. Le problème est sérieux, mais on invite les gens à consulter dès que possible. On trouve toujours des stratégies pour aider les patients », dit Anne-Marie Arguin.

Pour trouver un orthophoniste dans votre secteur, visitez le site web de l’Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec.