Suicides en Chaudière-Appalaches : l’union fait la force 

SOCIÉTÉ. Avec 72 décès par suicide en moyenne par année, Chaudière-Appalaches est parmi les régions du Québec où il y a le plus grand nombre d’individus qui s’enlèvent la vie. Afin d’intervenir contre cette fatalité, qui s’observe davantage dans les milieux ruraux, les intervenants ne ménagent pas leurs efforts pour renverser cette tendance.

L ‘agente de planification de programmation et de recherche en promotion de la santé mentale et prévention du suicide du Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches, Édith St-Hilaire, mentionne que ce phénomène est multifactoriel, alors c’est difficile d’identifier la raison pour laquelle les chiffres sont plus élevés en Chaudière-Appalaches.

Selon elle, les enjeux sont différents dans les milieux ruraux comparativement à la réalité urbaine. « Il peut y avoir des facteurs culturels, comme la fierté beauceronne où les gens sont habitués à se débrouiller par eux-mêmes. Certains individus qui vivent des moments difficiles n’osent pas demander d’aide », explique-t-elle, ajoutant que les femmes ont autant de détresse que les hommes, mais qu’elles ont moins tendance à passer à l’acte.

Édith St-Hilaire croit mordicus qu’il faut normaliser et déstigmatiser la demande d’aide au même titre que lorsqu’une personne se casse une jambe. « Pour un problème de santé physique, les gens ont le réflexe de consulter, ça doit être la même chose pour la santé mentale. Il faut changer cette perception de dire que c’est honteux. »

Bien que le portrait du suicide soit stable en -Chaudière-Appalaches depuis une décennie, Mme St-Hilaire juge que c’est important de rappeler les divers moyens de prévention, dont la ligne -1866-Appelle (1 866 2773553) qui aide les personnes en détresse ainsi que les individus qui s’inquiètent pour un proche. « Tout le monde peut contribuer à la prévention du suicide. Nous avons tous un rôle à jouer en étant à l’affût d’un proche qui semble mal aller. » Elle ajoute que c’est aussi possible de clavarder avec un intervenant.

Également, jusqu’en octobre prochain, dans plusieurs villes de Chaudière-Appalaches, il y a une distribution gratuite de verrous de pontet, un dispositif de sécurité permettant de neutraliser une arme à feu en empêchant d’actionner la détente.

Impliquer la communauté

Pour sa part, le coordonnateur du Centre d’écoute et de prévention du suicide Beauce-Etchemins (CEPS), François Provost, souhaite que plus de gens aient accès à leur atelier de formation afin d’améliorer leur aptitude de communication en écoute active.

« On veut que les citoyens apprennent à écouter sans jugement. Parler de suicide n’est pas une mauvaise chose, il faut uniquement le faire d’une façon bienveillante et constructive. » La formation en écoute active s’est amorcée au printemps dernier et M. Provost souhaite attirer plus de gens. « On veut faire connaître notre organisme et parler de santé mentale de façon positive », a-t-il conclu.