Trouver sa voie dans l’adversité 

Provenant d’une famille dysfonctionnelle, André Nadeau a vécu dans la rue, a fait du trafic de drogues et a séjourné en prison. Aujourd’hui chef-cuisinier au Centre Cérès de Saint-Ludger, il aspire à donner des conférences dans des écoles en plus de vouloir travailler en réinsertion sociale en milieu thérapeutique.

« Mes parents étaient sur la grosse drogue et le reste de ma famille œuvrait dans le milieu criminalisé. J’allais rendre visite à mon oncle au pénitencier. C’était ça mes modèles. À l’âge de six ans, j’ai été placé », a raconté celui qui a fréquenté des familles d’accueil ainsi que des foyers de groupes jusqu’à ses 18 ans.

Toutefois, sa vie a basculé bien avant qu’il n’atteigne la majorité. À 12 ans, il a été séparé de sa sœur et il a commencé à consommer du cannabis avant de tomber dans la drogue plus forte. « Je trouvais que ma consommation était dispendieuse et j’ai commencé à faire quelques méfaits (vols) », a dit celui qui a fait un an de prison au cours de sa vie.

Il y a quatre ans, M. Nadeau a décidé d’aller vivre dans la rue à la suite d’événements tragiques survenus, dont le décès de ses parents, le séjour en prison de sa conjointe et sa crise de cœur. « Je ne croyais plus à la vie et j’ai décidé de me tenir avec le monde de la rue. » Plus récemment, M. Nadeau a été arrêté pour trafic de stupéfiants et il avait une arme en sa possession. Il a reçu une peine de deux ans moins un jour à purger dans la collectivité.

Après ces histoires, il a pris la décision d’aller en désintoxication, à la maison d’hébergement Au Bercail à Saint-Georges. « Quand tu n’as plus de substance dans le corps, c’est là que tu réalises tout ce que tu as perdu dans les dernières années. J’ai travaillé fort sur mes comportements et mes blessures pendant ma thérapie et j’ai fait la paix avec beaucoup de choses. »

Aujourd’hui, M. Nadeau est chef cuisinier au Centre Cérès à Saint-Ludger. Ce métier l’aide à rester abstinent en plus de lui permettre d’apprendre à suivre une routine. « Ça me donne le goût de me lever le matin. Ma paie, c’est lorsque les résidents me font un signe de pouce en mangeant mes plats. C’est vraiment mon bonheur ! »

En guise de conclusion, M. Nadeau recommande aux jeunes de rester à l’école, car c’est le meilleur moyen pour réussir, selon lui. « La police est toujours plus forte que la personne qui vend de la drogue. Tôt ou tard, tu finis en prison, mort ou dans un hôpital psychiatrique. Malgré l’appât du gain, vaut mieux conserver sa liberté en n’allant pas dans cet univers. »

Depuis le 18 novembre, M. Nadeau peut sortir entre 6 h à 21 h.

* Par Louis-Antoine Lemire, Collaboration spéciale