Un cri du cœur de Carole Dionne dénonçant le manque d’humanité dans le réseau de la santé

Actuellement résidente de Saint-Théophile, Carole Dionne est mandataire de son père âgé de 82 ans. Ayant accompagné celui qui est atteint d’une forme sévère de la maladie d’Alzheimer à l’hôpital de Saint-Georges il y a un peu plus d’une semaine, cette dernière aurait souhaité que son expérience soit davantage empreinte d’humanité.

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Tout a commencé lorsque Jean-Guy Dionne a dû se rendre à l’urgence pour y subir un examen, le jeudi 30 avril, à la suite d’une mauvaise chute. Quand les médecins ont découvert une fracture sur l’une de ses vertèbres, ils lui ont tout de suite prescrit la médication requise pour le soulager.

«Au moment de le ramener chez lui, la résidence privée pour aînés (RPA) dans laquelle il vit n’a pas voulu le reprendre. L’hôpital a été contraint de le garder en soirée et pour toute la nuit. Heureusement, j’ai pu rester à ses côtés afin de le rassurer puisque le bruit et la lumière le rendaient anxieux», explique Carole Dionne.

Après mûre réflexion, les responsables de l’endroit ont accepté d’accueillir l’octogénaire de nouveau sous leur toit le lendemain matin, selon certaines conditions.

«Au moindre comportement ou geste de violence de sa part, ils m’ont dit qu’ils le retourneraient directement au centre hospitalier en attendant d’être relocalisé dans un CHSLD de la région ou encore dans une maison de transition, à Lac-Etchemin», ajoute celle qui a fait partie de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec jusqu’en 2009.

Deux transferts en 48 heures

C’est le vendredi 1er mai, en fin d’avant-midi, que le père de la Beauceronne d’adoption a finalement pu remettre les pieds dans sa chambre habituelle. Quelques heures après son arrivée là-bas, le principal intéressé a fait une crise de colère soudaine qui lui a définitivement coûté sa place au sein de cet établissement.

«En plus d’être confus et perdu, mon père ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Il s’en est donc pris à la personne-ressource qui s’en occupait et à des préposés sur place. C’est la raison pour laquelle ils ont décidé de le renvoyer immédiatement à l’urgence», indique-t-elle.

Sa mère demeurant dans la résidence où son père était hébergé jusqu’à tout récemment, Mme Dionne n’a toutefois pas voulu dévoiler l’identité de la RPA en question dans le cadre de cette entrevue, par crainte de représailles envers sa famille.

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Une longue période d’attente

Lors de sa seconde visite à l’hôpital en moins de deux jours, l’homme de 82 ans a dû patienter pendant un total de sept heures avant de pouvoir être redirigé en médecine, au premier étage, une situation que Carole Dionne peine à assimiler.

«Il a fait une deuxième crise ce soir-là et les médecins ont dû lui mettre des contentions et le médicamenter pour le calmer. Si l’ensemble des intervenants autour de lui avaient fait preuve de plus d’humanité depuis le début, on aurait pu lui sauver de nombreuses étapes et ainsi éviter qu’il déménage aussi souvent d’un endroit à l’autre», renchérit-elle.

Questionnée à ce propos, la porte-parole du Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches, Maryse Rodrigue, assure quant à elle que les patients se présentant à l’urgence sont toujours traités par ordre de priorité, peu importe l’âge de ces derniers.

«Qu’il s’agisse d’un enfant, d’un adulte ou d’un aîné, les procédures restent les mêmes, c’est-à-dire qu’une évaluation doit être faite pour que les cas jugés prioritaires soient vus en premier», informe-t-elle.

Un manque de communication

Ayant besoin de stabilité au quotidien et étant facilement désorganisé lorsqu’il est déraciné du milieu auquel il est habitué, Jean-Guy Dionne aurait été victime d’un manque de communication selon les dires de sa fille.

«Mon but n’est pas de critiquer ni de juger qui que ce soit, mais simplement de nommer des faits. Cet événement démontre que la façon de fonctionner avec les personnes âgées est inhumaine. Il va vraiment falloir que de grands changements s’opèrent dans le réseau de la santé et qu’on fasse un examen de conscience en tant que société», conclut-elle.

Notons d’ailleurs qu’au moment d’écrire ces lignes, Carole Dionne n’avait pas encore eu de nouvelles de la travailleuse sociale en charge du dossier de son père. Elle n’a donc aucune idée de la date à laquelle celui-ci quittera l’hôpital, les listes d’attente étant «très longues» pour qu’il puisse aller s’établir ailleurs.