Un groupe souhaite l’abolition des délais de prescription au Québec

Un ancien directeur d’école de la région de Thetford, Roger Lessard, et une présumée victime d’abus sexuels, Gaétan Bégin, originaire de Saint-Ludger en Beauce, réclament l’abolition des délais de prescription qui protègent les agresseurs et les pédophiles au Québec.

Se connaissant depuis moins d’un an, les deux hommes feront pression pour que Québec permette aux victimes d’agressions sexuelles d’intenter des poursuites civiles contre leurs bourreaux indépendamment du temps écoulé depuis les faits reprochés. En ce moment, ce délai est de 30 ans au Québec pour les nouvelles victimes, mais cela peut varier selon la date du crime.

«Ce n’est pas normal que les victimes doivent se battre après avoir été agressées et se battre à cause d’une loi qui les empêche d’avoir la justice. Cela ne peut durer. Il faut que cela tombe et prochainement», avance M. Bégin qui allègue avoir été victime d’abus sexuels du curé Rosaire Giguère il y a 60 ans. Deux autres de ses frères ont aussi subi le même sort, et ce, par ce même membre du clergé.

«Les gens ne peuvent pas s’imaginer comment cela fait mal. Nous n’avons pas eu assez de souffrir et d’endurer alors que nous sommes incapables d’avoir la justice en raison du délai de prescription», insiste M. Bégin.

Gaétan Bégin souligne qu’il ne fait pas ses démarches pour l’argent. «Mes démarches sont pour protéger les enfants et les générations futures. En ce moment, le délai de prescription protège les pédophiles», s’insurge M. Bégin, maintenant résident de Sherbrooke. «Ici, il n’y a rien qui se passe, mais cela va changer», ajoute M. Lessard qui mène ce combat depuis cinq ans.

Une commission d’enquête sur le clergé

En plus de l’abolition du délai de prescription, Roger Lessard souhaite aussi l’implantation d’une commission d’enquête sur les agressions sexuelles commises par les membres du clergé. Se basant sur une pareille commission au Pays-Bas, le nombre de victimes au Québec pourraient s’élever à 13 000 alors que moins de 1000 personnes ont intenté des recours contre l’Église catholique.  «Les cas comme Gaétan Bégin, il y en a plusieurs. Cela commence à sortir. C’est la pointe de l’iceberg», affirme M. Lessard, qui a aussi aidé à dénoncer les actes d’agression sexuels commis envers un ami dans la région de Thetford.

«J’invite les gens à ne pas garder le silence et de ne pas avoir peur. Il faut le dire et se manifester. Cela aide à la guérison personnelle», affirme M. Bégin.